Cette année est particulièrement chaude en Méditerranée

La Méditerranée est particulièrement chaude cette année, avec des températures de l’eau au large des côtes espagnoles, italiennes et françaises jusqu’à 6,5 degrés Celsius au-dessus de la normale. Les coraux et plantes marins meurent donc en grand nombre, ce qui oblige poissons et crustacés à migrer. Les scientifiques craignent même que la chaleur extrême n’ait des conséquences irréversibles sur la vie sous-marine.

La mer entre l’Europe et l’Afrique présente des « anomalies de température très importantes » depuis le mois de mai, pendant plus de 70 jours d’affilée, prévient Samuel Somot, spécialiste canicule du service météorologique français Météo-France.

La situation est pire sur la Côte d’Azur, autour des îles Baléares, en Corse, en Sardaigne et le long des côtes italiennes. Au contraire, les côtes du nord de l’Afrique sont restées relativement épargnées cette année. En Grèce et en Égypte cette année, la mer est encore plus froide que d’habitude.

La mer à cette époque près de Marseille est d’environ 21,5 degrés Celsius, cette année elle est de 28 degrés Celsius. Près de la ville corse de Bastia, ils ont mesuré à plusieurs reprises la température de l’eau autour de 30 degrés Celsius. Depuis 1993, la température de la mer Méditerranée a augmenté de pratiquement un degré Celsius, selon les données du système européen Copernicus.

« Ces vagues de chaleur marines se produisent lorsqu’il y a des températures élevées à long terme, des conditions stables, un ciel clair et sans nuages ​​et des vents modérés. L’eau à la surface de la mer est immobile et l’eau froide des profondeurs n’a aucune chance d’atteindre la surface. Coraux , les crustacés et les poissons en souffrent beaucoup », explique Rubén del Campo, porte-parole de l’Agence nationale de météorologie espagnole.

La mer fonctionne généralement comme un régulateur de la température ambiante : en hiver, l’eau réchauffe l’air, en été, au contraire, elle le refroidit. Cependant, cette fonction cesse de fonctionner cet été, surtout pendant les nuits d’été, prévient del Campo.

« Les événements actuels en Méditerranée occidentale sont parmi les plus exceptionnels de ces dernières années. Cela s’explique par le fait que deux anticyclones arrivent progressivement d’Afrique tropicale, qui apportent des vents très chauds qui réchauffent l’atmosphère et augmentent alors la température de la mer quand il n’y a pas de vent. Or, l’augmentation de la fréquence de ces vagues de chaleur est liée au réchauffement climatique », explique Ronan McAdam, chercheur au Centre euro-méditerranéen sur le changement climatique à Bologne, en Italie.

Pour une grande partie de la faune et de la flore sous-marines, les températures actuelles de l’eau sont un signe avant-coureur d’extinction. Selon une étude menée dans 11 pays du pourtour méditerranéen entre 2015 et 2019, dont les résultats ont été publiés début juillet dans la revue Global Change Biology, on assiste à une « mortalité massive » d’environ 50 espèces du détroit de Gibraltar. au Moyen-Orient. Les vagues de chaleur marines seront désormais la norme plutôt que l’exception, selon une étude.

Les premières victimes des effets croissants du réchauffement climatique sont les colonies de coraux et de posidonies, des herbes vertes qui poussent sur les fonds sablonneux. Ces plantes servent de refuge aux prédateurs pour les jeunes poissons et ont absorbé entre 11 et 42% du dioxyde de carbone produit par l’homme depuis la révolution industrielle, écrit Le Monde, citant des données du World Wildlife Fund (WWF).

La chaleur de la mer menace également d’autres créatures qui sont les piliers de la vie sous-marine d’autres organismes. La chaleur tombe maintenant aussi sur la pinna nobilis, qui filtre les impuretés dissoutes dans l’eau et sert d’habitat à environ 150 espèces.

David Diaz, chercheur à l’Institut espagnol d’océanographie de Palma de Majorque, compare ce qui se passe en mer à « des incendies sous-marins où la faune et la flore meurent comme si elles étaient brûlées ». Les coraux et les posidonies formaient autrefois des villes, mais maintenant ils se rétrécissent en villages, forçant les animaux qui en sont capables à partir.

Le WWF a mis en garde il y a un an contre la « tropicalisation » de la Méditerranée, où le réchauffement progresse 20 % plus vite que dans les autres mers et océans. À mesure que la température augmente, de nouvelles espèces d’animaux arrivent dans la mer, décimant la végétation d’origine. Les scientifiques en ont recensé jusqu’à présent près de 1000, dont 126 sont des poissons. De nouvelles espèces de poissons qui ne vivaient pas ici auparavant se nourrissent des larves de poissons et de crustacés indigènes. Ainsi s’opère une transformation complexe de la faune sous-marine de la Méditerranée. (ctk, le monde)

Séverin Garnier

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