Au début, personne ne s’intéressait aux Jeux Olympiques, de Coubertin voulait réformer la France avec eux — Denník N

Le texte a été publié à l’origine dans la revue Conversations du XXe siècle par Après la guerre.

« La politique n’a pas sa place dans le sport, mais elle en fait partie depuis le tout début », explique l’historien du sport František Kolář de la Faculté d’éducation physique et des sports de l’Université Charles de Prague.

Si c’était à lui de décider, les athlètes russes n’auraient même pas le droit de prendre le départ sous un drapeau neutre aux Jeux olympiques d’été de Paris. « Mais le régime va quand même l’utiliser à son avantage », affirme-t-il, rappelant que même les athlètes allemands et hongrois n’avaient pas été autorisés à prendre le départ aux Jeux de 1920.

Dans l’interview, il dit également :

  • que les premiers Jeux olympiques modernes n’ont pas attiré beaucoup d’attention ;
  • que déjà en 1936, de nombreuses personnes en Tchécoslovaquie voulaient boycotter les Jeux de Berlin ;
  • si les grands événements sportifs devraient également être organisés dans les pays non démocratiques.

Nous sommes à quelques jours des Jeux Olympiques d’été qui auront lieu à Paris, ville natale du fondateur de l’Olympisme moderne, Pierre de Coubertin. Qu’avez-vous promis pour les Jeux Olympiques ?

Pour comprendre Pierre de Coubertin, il faut revenir à deux moments clés de l’histoire de France qui ont façonné sa pensée. Le premier est la bataille de Sedan en 1870, qui a entraîné la défaite de Napoléon III. Les Français ont perdu l’Alsace et la Lorraine au profit des Prussiens, ce qui a été extrêmement traumatisant pour eux. Le deuxième événement est la Commune de Paris, un gouvernement ouvrier radical qui a été établi à Paris en 1871. Mais il a été très vite réprimé dans le sang, faisant des milliers de victimes.

L’influence de Coubertin sur le jeune homme fut très forte : il grandit dans une atmosphère de déception permanente. Son avantage résidait dans ses contacts en Angleterre, où il partait souvent en vacances. Il y suivait le système éducatif britannique qui a produit une génération de gentlemen. Il remarqua que le sport était une partie importante de leur vie. Coubertin en arriva à la conclusion que la Grande-Bretagne était devenue une puissance dominante au XIXe siècle précisément grâce à l’éducation – et aussi au sport. C’est pourquoi il décida de réformer le système éducatif français selon le modèle britannique.

Le sport, et avec lui le projet olympique, était un outil pour Coubertin, car tous les athlètes concouraient selon les mêmes règles et étaient donc égaux en ce sens. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il a ajouté à cet aspect un autre pilier des Jeux olympiques : la paix tout au long de leur déroulement. Il a eu cette idée alors qu’il étudiait l’histoire olympique antique et l’idée l’a enthousiasmé.

Peut-on alors dire que l’objectif originel du mouvement olympique moderne était en premier lieu de réformer la société française et en second lieu de créer un événement sportif transnational qui permettrait de mettre fin aux conflits ?

En effet, Coubertin s’intéressait avant tout aux réformes internes en France. Il s’inspirait notamment du médecin britannique William Penny Brookes, qui organisait ses propres jeux sportifs dans sa ville natale, Much Wenlock. Ils lui servaient d’outils pédagogiques. Coubertin souhaitait organiser une compétition similaire, mais plus ciblée et plus massive.

En 1892, il présenta sa vision olympique aux représentants des clubs sportifs français, mais personne ne l’écouta. Il passa donc les deux années suivantes à préparer et à coopérer avec des organisations britanniques et américaines. Lorsqu’il présenta son projet olympique à la Sorbonne en 1894, il était déjà bien mieux préparé. Il accorda une plus grande importance au lien avec l’histoire antique ; il fit même aménager toute la salle selon des motifs antiques et joua l’hymne olympique antique. Il charma ainsi tous les représentants sportifs importants et les gagna de son côté. Finalement, il fut également décidé que les premiers Jeux n’auraient pas lieu en France, mais en Grèce.

Les premiers Jeux Olympiques ont eu lieu en 1896 à Athènes. Ont-ils attiré l’attention ?

En fait, les gens ne s’y intéressaient guère. Le sport ne s’est répandu de l’Angleterre à l’Europe continentale que très lentement. Des athlètes de quatorze pays sont venus à Athènes, mais la grande majorité venait de Grèce. Coubertin a insisté pour que le programme olympique n’inclue que des sports individuels, dont les résultats peuvent être évalués sur la base de points objectifs. La seule exception était la gymnastique, qui était si populaire à l’époque qu’elle ne pouvait tout simplement pas se permettre de l’abandonner.

Coubertin a tout fait pour attirer le plus de monde possible aux Jeux. Vous avez sûrement entendu sa prétendue déclaration selon laquelle ce n’est pas la victoire qui compte, mais la participation. Le président Miloš Zeman la répétait souvent aux athlètes olympiques tchèques pour qu’il puisse la corriger. J’ai fait quelques recherches pour retrouver cette citation et je ne l’ai trouvée que dans un seul contexte. L’Australien Edwin Flack se trouvait à Athènes au moment des Jeux olympiques de 1896. Coubertin, pour qui tout être vivant était bon, lui a demandé s’il faisait du sport et l’a invité à participer aux Jeux. Flack lui a répondu que

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Irène Belrose

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