À la demande de son chef, 73 députés irakiens ont démissionné

Pas moins de 73 députés irakiens ont démissionné du bloc de l’influent religieux chiite Muktad al-Sadr. Les dirigeants ont promis de poursuivre leurs efforts pour élire un président et former un gouvernement. Ils veulent faire pression sur la formation d’un gouvernement.

Selon le politologue irakien Hamz Haddad, ces démissions ne prendront effet que lorsqu’elles seront ratifiées à la majorité absolue par le parlement, qui a pris le relais pour les vacances parlementaires jeudi dernier. Les séances du Parlement reprendront après la pause estivale en août.

L’AP a rappelé dans son rapport que l’impasse sur la scène politique en Irak dure depuis huit mois – depuis les élections générales, qui ont eu lieu en octobre 2021. Le vainqueur était Sadr Bloc, qui a remporté 73 des 329 sièges au parlement.

Sadr – également chiite – ses rivaux soutenus par l’Iran, qui ont perdu environ les deux tiers de leurs sièges lors des élections, ont rejeté les résultats du vote.

Depuis lors, les deux camps du chiisme politique – les sadristes et le cadre de coordination pro-iranien – ont mené une lutte de pouvoir féroce. L’Irak, qui n’a pas encore de président ni de gouvernement, est confronté à de nombreux problèmes, dont la crise alimentaire imminente due à la grave sécheresse et à la guerre en Ukraine.

Muktada Sadr avait l’intention de former un gouvernement majoritaire avec ses alliés pour exclure les factions soutenues par l’Iran, y compris les chiites.

Cependant, Sadr n’a pas réussi à obtenir la majorité des deux tiers nécessaire pour élire un nouveau président irakien, une étape nécessaire avant de nommer un nouveau Premier ministre et de nommer les membres du cabinet.

Dans cette impasse, Sadr a ordonné dimanche la démission des députés de son parti, qualifiant cela de « sacrifice » qu’il a fait pour le bien du pays. Le cousin de Sadr, Jáfar Sadr, a également démissionné de sa candidature au poste de Premier ministre lundi.

L’AFP a supposé que Sadr, un allié des forces sunnites et kurdes, avait l’intention de briser la tradition dominante selon laquelle toutes les forces chiites font partie d’un « gouvernement de consensus ». L’ecclésiastique chiite veut un « gouvernement majoritaire » pour pousser ses opposants du Cadre de coordination dans l’opposition.

Le président irakien Muhammad Halbusi a promis lundi que les efforts pour former un gouvernement se poursuivraient. Il a ajouté que cela se ferait sur la base « d’autres accords politiques », qu’il n’a pas précisés.

Un politicien chiite anonyme a déclaré à l’AP que l’acteur clé serait le cadre de coordination chiite pro-iranien, qui comptera plus de 100 membres au parlement après la démission des sadristes.

« Les négociations se poursuivront avec d’autres blocs sunnites et kurdes », a déclaré l’homme politique, sous couvert de l’anonymat car il n’était pas autorisé à faire des déclarations officielles.

Selon l’AP, on peut désormais se demander si les partis politiques pourront former un gouvernement avec Sadr dans l’opposition.

« Tout gouvernement auquel Muktada ne participe pas sera mort-né », a déclaré l’analyste Ihsan Shammari. Il a également exprimé des doutes quant à la capacité et la volonté des partis soutenus par l’Iran de négocier avec le chef du Parti démocratique kurde, Masoud Barzani. Il existe entre eux une méfiance réciproque et profonde.

En vertu d’un accord officieux de 2003 pour assurer la réconciliation religieuse, le poste de Premier ministre irakien est réservé aux chiites, tandis que la présidence et le président du Parlement sont sunnites, rappelle l’AP.

(TASR)

Napoleon Favre

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