Lisez l’interview de Ben Makuch, avec qui HN s’est entretenu lors de la conférence sur la sécurité Globsec 2023.

Vous couvrez un large éventail de sujets allant du cyberespionnage aux fuites d’informations, d’ISIS aux pirates informatiques. Quand avez-vous décidé de devenir journaliste d’investigation ?

Fondamentalement, j’ai commencé par suivre les voyages de combattants étrangers occidentaux qui ont rejoint ISIS depuis le Canada, les États-Unis et l’Europe. Ils ont commencé à apparaître dans l’espace en ligne sur Twitter et les réseaux sociaux comme Ask.fm et autres. À l’époque, les gens voyaient le terrorisme comme ces grandes vidéos à la manière d’Oussama ben Laden.

Mais ces gars ont tweeté à ce sujet. Et j’ai juste commencé à vérifier si c’était la vraie chose. C’est alors que ça m’a frappé. J’ai commencé à suivre les agences de renseignement enquêtant sur les cyberguerres et aussi à suivre le mouvement d’extrême droite américain ou le mouvement nazi. C’était vers 2013-2014, à peu près au moment de la naissance du mouvement ISIS et de la conquête de Mossoul.

Comment les terroristes utilisent-ils concrètement les réseaux sociaux et Internet pour leurs activités et leur recrutement ?

Qu’il s’agisse d’un groupe terroriste, d’une organisation extrémiste ou même d’un mouvement politique, à l’ère moderne d’aujourd’hui, ils sont généralement dirigés par une personne jeune, dans la vingtaine. Auparavant, les brochures, dépliants, magazines étaient utilisés car c’était le principal type de média à l’époque. C’était le plus engageant et le plus facile à diffuser parmi les gens et à les convaincre avec des idées données. Al-Qaïda a utilisé des magazines dans les années 1980 et 1990.

En ce qui concerne les médias et réseaux sociaux, des groupes comme ISIS et al-Qaïda y opèrent également, mais ils ne sont pas très bons dans ce domaine. Mais si vous regardez les mouvements d’extrême droite américains, par exemple Atomwaffen Division ou The Base, ils sont incroyablement bons sur les réseaux sociaux car ils sont très populaires parmi les jeunes dans la vingtaine.

Ils comprennent ce que sont TikTok et Twitter, ils comprennent les mèmes et ils comprennent le langage d’Internet. Bien sûr, ils utilisent cet avantage au contact des personnes qu’ils souhaitent recruter dans leurs rangs. Nous le voyons également dans les organisations gouvernementales, par exemple la CIA a fondé Telegram.