Le gouvernement français envisage d’interdire les promotions sur les prix des produits alimentaires. Le commerçant ne pourra pas vendre de nourriture avec une remise supérieure à 34 pour cent. Le projet de loi est censé augmenter les prix minimums réglementés des denrées alimentaires et limiter leurs ventes.
Le gouvernement veut ainsi garantir de meilleurs revenus aux agriculteurs et également éviter les disputes entre clients, provoquées par la baisse des prix de la populaire crème de noix Nutella la semaine dernière.
Coup de poing au visage, arrachage des cheveux
Des vidéos ont montré des Français se battant pour les dernières tasses de Nutella au supermarché français Intermarché. Elles sont rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux et ont poussé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire à convoquer le directeur de la chaîne française.
« Je lui ai dit qu’il fallait que ça s’arrête. En France, on ne peut pas avoir des scènes comme ça tous les quelques jours. » il a dit Le Maire pour RTL.
Sérieusement??!! Tout ça pour du Nutella ?! 😮 #Émuter #Nutella pic.twitter.com/UoNTmK78eE
– Kenny LeBon (@kennyLebon) 25 janvier 2018
Le supermarché Intermarché a provoqué une vague d’hystérie jeudi dernier en réduisant de 70 % le prix du Nutella de 950 grammes, passant de 4,50 € à 1,41 €.
La chaîne a présenté ses excuses aux clients après trois jours d’action, mais a depuis introduit une réduction supplémentaire de 70 pour cent sur le café ou les couches, déclenchant un chaos similaire.
« C’était horrible. C’était incontrôlable. Quand le magasin a ouvert, il y avait environ 250 personnes qui voulaient seulement acheter des couches. Les femmes se sont battues », raconte l’un des témoins à La Républicain Lorraine. « Il a fallu appeler la police. Le personnel n’a pas pu gérer ça.
Dans un autre magasin, un employé a reçu un coup de poing au visage alors qu’il tentait de séparer des clients agressifs.
« Ils étaient comme des animaux. Une femme tirait les cheveux de l’autre. La vieille dame lui a mis une boîte sur la tête. Une autre avait les mains ensanglantées », a raconté un témoin des escarmouches.
Une autre vidéo montre des gens faisant la queue devant des magasins attendant leur ouverture pour pouvoir acheter des produits à prix réduit.
« Les gens se sont précipités, ont bousculé tout le monde. C’était comme une orgie », cite à l’AFP un employé d’un magasin de Forbach, dans le nord de la France. « Nous avons failli appeler la police. »
Les scènes, apparues dans plusieurs villes françaises, ont fait craindre des comportements violents entre clients. Le Maire a donc demandé à la chaîne Intermarché de mettre un terme à ce genre d’actions. Il a souligné que les supermarchés français ils ont signé un accord sur le fait que de telles réductions ne seront plus introduites.
Lundi, l’Agence française de protection des consommateurs a répondu et annoncé qu’elle enquêterait sur ces réductions.
Une crème aux noix populaire pour les plus pauvres
Jusqu’à présent, ce comportement hystérique était principalement un phénomène américain lors des jours de soldes connus sous le nom de Black Friday, qui tombent le quatrième vendredi de novembre.
« C’est inhabituel en France, hormis les remises spéciales. Un tel comportement est plutôt typique des pays en développement ou des endroits où les produits de base font régulièrement défaut. » dit-elle pour Le Parisien par Sophie Chevalier, anthropologue française et experte en comportement du consommateur.
« Feraient-ils la même chose pour un verre de cornichons ? Définitivement pas. Leur comportement explique le type de produit. Les enfants aiment le Nutella et le proposer à un bon prix attire de nombreux clients. »
D’autres voient derrière le comportement agressif des Français une augmentation de la pauvreté dans le pays.
« A première vue, il est surprenant que les gens se battent pour économiser quelques euros. Mais depuis 2002, on constate une baisse du pouvoir d’achat », déclaré pour l’anthropologue de France Info Dominique Desjeux. « Il y a une grande partie de la classe moyenne inférieure qui se bat chaque mois avec ses dépenses. »
Selon rapports sur les inégalités le nombre de pauvres en France est passé de 950 000 à 1,2 million entre 2004 et 2015.
Le fabricant italien de Nutella, Ferrero, déclaré, que cela n’a rien à voir avec cette remise, et qu’elle a été décidée par la chaîne elle-même. Il a également averti que le magasin risquait de dérouter et de décevoir ses consommateurs.
Nutella est une marque emblématique et un élément préféré du petit-déjeuner français. Elle est très populaire et reconnue car elle n’a pratiquement pas changé depuis 1960. Dans le passé, les critiques l’accusaient de détruire l’environnement, l’huile de palme étant utilisée pour sa production.
L’organisme de recherche Greenpeace, cependant a montré leque Ferrero et Nestlé sont les seules entreprises à avoir prouvé que les fournisseurs auprès desquels elles achètent de l’huile de palme respectent les principes de protection de la forêt tropicale.
Fini les guerres de prix et les promotions
Le gouvernement du président Emmanuel Macron a présenté un projet de loi sur l’alimentation et l’agriculture après les incidents. Il souhaite l’utiliser pour équilibrer les relations commerciales dans le secteur alimentaire et soutenir des produits sains et durables. Il comprend également une proposition visant à limiter la réduction au-dessus de 34 pour cent et à interdire la promotion « deux pour le prix d’un ».
La loi devrait également garantir aux agriculteurs et aux producteurs une part des bénéfices plus élevée que celle des supermarchés en inversant le processus de détermination des prix finaux à la consommation. Selon les nouvelles conditions, cela commencera par un accord sur un prix équitable pour les producteurs.
Les agriculteurs français se plaignent depuis longtemps de payer le prix de la guerre des prix entre les enseignes de grande distribution. Le projet de loi oblige donc les supermarchés à augmenter le prix des produits d’au moins 10 pour cent par rapport au prix d’achat, afin qu’ils ne vendent pas intentionnellement en dessous du prix.
« Les détaillants pourront réduire la marge sur d’autres produits et mieux payer leurs fournisseurs », il a dit selon Reuters, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert.
La France, premier producteur agricole de l’UE, veut lutter contre le gaspillage alimentaire avec une nouvelle mesure. Les produits non alimentaires ne seront pas concernés par les changements proposés.
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