Anomalie est la sensation littéraire de l’année. De tous droits. Le roman a été écrit par Hervé Le Tellier, né en 1957, un romancier français, poète, mathématicien, journaliste et bien d’autres choses. Avant le travail révolutionnaire, le talent polyvalent a publié près de trente livres et pièces de théâtre, dont beaucoup avec des titres obscurs tels que Les amnésiques n’ont rien vécu de mémorable ou Chapelle Sextine. En tant que librettiste, il a collaboré à trois opéras. Il édite régulièrement des revues littéraires et crée également des formats audio et vidéo.
Un groupe mythique
Parallèlement, il dirige l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Je ne savais pas que le groupe de recherche légendaire, l’atelier de littérature expérimentale et potentielle existait encore. Je pensais que cela appartenait déjà à l’histoire de la culture européenne moderne. Il a été créé à Paris en 1960 sous l’impulsion du mathématicien Lionnais et de l’écrivain Raymond Queneau, auteur du livre culte Zazie dans le métro, en slovaque disponible dans la célèbre traduction de Bohuslav Heček. L’héroïne, une charmante jeune fille, arrive de la campagne car elle veut voir le métro. Inoubliable, il décrit la métropole sur la Seine dans un langage plein de néologismes et de jeux de mots. Elle observe un panoptique de personnages bizarres, subit une grève et s’endort au moment précis où son rêve se réalise.
Les membres de l’OuLiPo se considèrent comme les héritiers de Dada et du Collège pataphysique, qui était basé sur les idées d’Alfred Jarry sur la science avec des solutions imaginaires. Ils prenaient les canulars au sérieux et en même temps s’en moquaient avec un humour noir, des parodies, des « recherches savantes mais inutiles ». Il n’est pas surprenant que le rappel de leurs idées provocatrices intervienne à l’ère de la nouvelle irrationalité, des délires et des délires répandus en masse.
À cette époque, ils considéraient les types et les genres littéraires traditionnels comme dépassés et épuisés, ils leur ont donc délibérément rendu difficile la recherche de débouchés créatifs. Ils ont eux-mêmes ajouté diverses restrictions, obligations, limites, ainsi par exemple des poèmes ont été créés exclusivement pour être lus dans le métro. Ils aimaient aussi les palindromes, des phrases qui se lisent de la même manière dans les deux sens : La jument a une petite hanche. Ou des lipogrammes dans lesquels certains sons sont délibérément omis. Au lieu de l’inspiration romantique, ils croyaient à la combinatoire empirique. Ils se sont un jour décrits comme « des rats construisant un labyrinthe dont ils prévoient de s’échapper ».
Les frontières n’ont pas été créées pour elles-mêmes, mais elles ont clairement montré ce que la littérature n’est pas, mais pourrait ou devrait être. Des travaux théoriques révolutionnaires ont apporté des impulsions importantes au groupe, telles que Travail ouvert Umberto Eco ou Mythologie Roland Barthes.
L’un des membres les plus célèbres de Georges Perec (1932-1982) dans le roman Disparition il n’a pas du tout utilisé la voyelle française « e » la plus utilisée, ce que, soit dit en passant, le premier critique n’a même pas remarqué. Ce n’était pas seulement un jeu intelligent et innocent – le livre est une métaphore originale de la Shoah, un rappel de l’effacement brutal des parents juifs de Perec, qu’il a perdu petit garçon caché.
Traduire les œuvres de l’atelier OuLiPo est l’un des plus grands défis du métier de créateur. En slovaque, nous avons
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