Comment l’Europe nous a trahis. Les racines de l’accord de Munich remontent à treize ans

« Nous avons réussi à sauver la paix ! » » s’est réjoui à l’aéroport Heston de Londres le 30 septembre 1938, après son retour de Munich, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, brandissant l’accord qu’il avait signé avec Hitler. Il s’est trompé. Contrairement à son adversaire Winston Churchill, qui l’a refroidi en disant : « Vous avez choisi entre la honte et la guerre. Vous avez choisi la honte, vous aurez aussi la guerre. » Qu’ont perdu la Tchécoslovaquie et toute l’Europe avec cet accord ?

Tôt le matin du même jour. Le président tchécoslovaque Edvard Beneš reçoit le texte des accords de Munich. Le fait que quatre puissances européennes négociaient à notre sujet sans nous n’augure rien de bon : les représentants tchécoslovaques attendaient dans le hall du bâtiment. Même si l’un d’entre eux, la France, était notre allié officiel, la pire prémonition de Beneš se confirme : ils nous ont coulés.

Le document stipule que la Tchécoslovaquie doit céder un vaste territoire frontalier à l’Allemagne. Les ambassadeurs britannique et français, qui ont apporté le document au président fatigué, soulignent qu’il ne dispose que de quelques heures pour exprimer son accord ou son désaccord avec l’accord…

Le cabinet du gouvernement s’est réuni ce matin-là. Dans une atmosphère difficile, Edvard Beneš a présenté sa position : « En cas de non-acceptation, nous aurions mené une guerre honorable, mais nous aurions perdu notre indépendance et la nation aurait été assassinée ».

Dès une heure et demie au déjeuner, le ministre des Affaires étrangères Kamil Krofta a pu annoncer aux diplomates : « Nous nous soumettons à la décision qui a été prise à Munich sans nous et contre nous ».












​Nous avons dû commencer à manger ses fruits amers dès le lendemain. En acceptant, nous nous sommes engagés à commencer immédiatement l’évacuation des habitants de la région des Sudètes, qui fera partie de l’Empire allemand. La Tchécoslovaquie allait perdre près de trente pour cent de sa superficie et plus de trente-trois pour cent de sa population.

Pire encore, une partie de l’accord de Munich comprenait un amendement visant à répondre aux demandes de la Hongrie, qui revendiquait également nos territoires. Avec succès. En moins d’un mois, nous avons également perdu une grande partie du territoire du sud, y compris la Russie des Basses-Carpates. Lors des négociations appelées arbitrage de Vienne.

Prélude aux accords de Munich

Même « quatre-vingts ans après » évoque l’accord des trois dirigeants des puissances européennes de l’époque – le Britannique Neville Chamberlain, le Français Édouard Daladier, l’Italien Benito Mussolini…

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Gaspard Pettigrew

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