Marine Le Pen est l’épouvantail principal de cette élection. La cheffe du Front national n’a pas tant repris son parti de son père qu’il ne l’a arraché de ses mains. Les sondages lui donnent une chance d’atteindre le second tour. Une victoire de Marine Le Pen serait presque comme un Brexit pour les Britanniques – une expression radicale du fait qu’une grande partie de la société est insatisfaite de sa vie actuelle et de ce qu’elle attend de l’avenir.
méthode d’essai et d’erreur
Marine Le Pen est l’espoir des « électeurs oubliés », que certains décrivent comme des victimes de la mondialisation. Parfois, il s’agit plutôt des victimes de l’ère de l’information. Ce sont des gens qui sont quotidiennement entourés d’informations négatives, consommateurs de tabloïds sanguinaires, de « nouvelles » sensationnelles et d’analyses du type « 5 choses à savoir sur votre vie pour la comprendre ». Ils n’ont pas besoin d’être des imbéciles. Ils sont simplement dans un champ d’information où ils ne peuvent pas filtrer les faits des rumeurs. Pour être convaincus d’avoir appris quelque chose, il leur suffit de lire le titre et d’aimer le texte sur Facebook. Seuls ceux qui n’ont jamais éprouvé le sentiment de ne plus pouvoir lire le x-ième manuel de l’appareil ou d’étudier les instructions d’installation du programme peuvent se moquer d’eux – ils allument simplement l’appareil acheté et attendent de voir ce qui se passe. Car d’une manière ou d’une autre, par essais et erreurs, ces gens votent aux élections. Et dans une société où il y a trop d’informations et dont la qualité est souvent douteuse, ils sont de plus en plus nombreux. Leur pouvoir grandit.
De nombreux hommes politiques sont d’instinct conscients de ce potentiel. Depuis des années, Marine Le Pen se réinvente patiemment, elle et son parti, pour attirer ces électeurs. Elle s’est retirée du camp de son père parce qu’il a empêché le Front national de devenir quelque chose de plus large et plus utile qu’un simple porte-parole des radicaux. Elle a défendu les Français comme une Jeanne d’Arc des temps modernes et bravo à Bruxelles ! Et aussi bravo à Moscou, mais de manière amicale – elle avait désespérément besoin de financements provenant de sources proches de l’État russe pour sa campagne. Les Poutine savent qu’il vaut la peine de la soutenir, car son élection affaiblira encore davantage l’Union européenne (qui est déjà notoirement incapable de faire face à ses problèmes).
Pour Le Pen, il suffit de montrer les problèmes existants (immigration, criminalité, bureaucratie bruxelloise, chômage) et d’en imputer la responsabilité à des entités abstraites comme « l’establishment » ou « le courant dominant ». L’électeur, qui en a assez de tout, la prend.
« Une victoire de Marine Le Pen serait presque comme un Brexit pour la France : une expression radicale du fait qu’une grande partie de la société est insatisfaite. »
Quels sont les risques en cas de victoire de Marine Le Pen ? L’influence des syndicats s’en trouverait renforcée, alors qu’ils ont déjà causé suffisamment de difficultés à l’économie française. La compétitivité des entreprises françaises en souffrirait encore plus qu’auparavant. On peut se demander comment les conflits ethniques au sein de l’État français, qui couvaient depuis longtemps et ont rallumé les émeutes, pourraient être résolus. Mais le plus grand risque associé à Marine Le Pen est d’ordre politique : sa victoire à l’élection présidentielle renforcerait de manière inquiétante l’influence du régime de Vladimir Poutine en Occident. Dans une situation où l’on soupçonne qu’il y a trop d’âmes pro-russes autour de Donald Trump, par exemple, la France ne peut pas se permettre une telle chose.
Vous pouvez lire l’article complet si vous achetez un abonnement numérique à .week. Nous offrons désormais également la possibilité d’acheter un accès conjoint à .tježen et Denník N.
se connecter
payer d’avance
« Lecteur. Fanatique de la cuisine professionnelle. Écrivain. Gourou d’Internet. Amateur de bière d’une humilité exaspérante. Fan de café sans vergogne. »