Quelle a été pour vous la plus grande surprise du second tour des élections législatives de dimanche en France : la victoire de la gauche ou plutôt la troisième place de l’extrême droite ?
La troisième place de l’extrême droite a été pour moi une plus grande surprise. La victoire de la gauche était quelque peu attendue. Et ce à partir du moment où elle a réussi à s’entendre avec la coalition Ensemble du président Emmanuel Macron sur la démission de plus de 200 candidats des deux camps, afin de réduire les chances de l’Union nationale. Si l’on inverse la tendance, j’ai aussi été surpris que la coalition de Macron n’ait pas si mal tourné au final. Bien qu’elle ait terminé à la deuxième place, son rebond par rapport au Nouveau Front populaire victorieux, qui a remporté 188 sièges, n’est pas très significatif. Ainsi, même son résultat pourrait être qualifié de surprise dans une certaine mesure.
Voyez-vous ici des parallèles avec plusieurs élections présidentielles précédentes, où Marine Le Pen avait enregistré un score relativement élevé au premier tour, et son père Jean-Marie Le Pen avant elle, pour être ensuite nettement battue au second tour par leur adversaire grâce à une forte mobilisation contre l’extrême droite ? Ce facteur de mobilisation a-t-il été également présent cette fois-ci ?
La principale raison pour laquelle l’Union nationale n’a pas réussi à remporter les élections réside en réalité dans la capacité du Bloc Macron et du Nouveau Front populaire à travailler ensemble, notamment pour se retirer tactiquement des candidats au second tour. Bien sûr, la mobilisation politique a également joué un rôle. La semaine entre le premier et le second tour a été marquée par toute une série d’activités et d’actions diverses en soutien à la gauche et dans le cadre de la résistance contre l’éventuel gouvernement de l’Union nationale. Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle a également mobilisé ses électeurs.
Comment évaluez-vous le résultat de l’Association Nationale ?
Les choses ne se sont pas si mal passées, son résultat n’est pas mauvais du tout, surtout si on le regarde à travers le prisme du nombre de suffrages exprimés. Naturellement, grâce à la coopération tactique susmentionnée entre Macron et la gauche, le résultat de l’Union nationale n’est pas très bon en termes de nombre de mandats remportés. La mobilisation contre sa victoire présumée a certainement fonctionné là-bas, comme vous l’avez vous-même mentionné dans la question précédente. Cependant, le fait que même l’Union nationale ait pu mobiliser ses partisans est attesté par le taux de participation exceptionnellement élevé – près de 67 %. C’est tout simplement un chiffre sans précédent pour les élections parlementaires françaises.
Quoi qu’il en soit, personne n’a obtenu de majorité et les trois principaux blocs refusent toute coopération entre eux. Pouvez-vous imaginer que la gauche et le camp de Macron finissent par s’entendre et forment un gouvernement commun ?
Oui, en simplifiant un peu, c’est assez facile à imaginer, mais à une condition : qu’il soit possible d’une manière ou d’une autre d’écarter Jean-Luc Mélenchon du jeu, ou de mettre son mouvement La France intransigeante au second plan. C’est la clé pour savoir si le bloc de Macron et le reste du Nouveau Front populaire peuvent former une coalition.
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