Le dilemme d’Israël

L’auteur est président de l’American Council on Foreign Policy

L’histoire d’Israël est en grande partie une histoire de conflits. La liste la plus grossière comprend la guerre israélo-arabe de 1948, qui a éclaté immédiatement après la naissance d’Israël ; la tentative israélo-britannique-française de 1956 pour s’emparer du canal de Suez et renverser le leader nationaliste égyptien ; la guerre des Six Jours de 1967 ; la guerre du Yom Kippour de 1973 et l’invasion israélienne du Liban en 1982. Et ajoutons à cela deux intifadas palestiniennes et de nombreux conflits plus mineurs.

Complaisance et sous-estimation de l’adversaire

Le dernier ajout à cette liste est l’invasion d’Israël par le Hamas en octobre 2023. Des milliers de roquettes à courte portée ont été lancées depuis Gaza, contrôlée par le Hamas, contre des villes de l’ouest d’Israël. Des centaines, voire des milliers de combattants du Hamas sont entrés en Israël en franchissant, en survolant ou en contournant les barrières défensives.

Le bilan des victimes de ces attaques est énorme et ne cesse de s’alourdir. Nous savons que plus de 900 Israéliens ont perdu la vie et plusieurs milliers sont blessés. Les assaillants ont tué de sang-froid deux cents Israéliens qui participaient au festival de musique. Presque le même nombre de personnes ont été kidnappées. Il s’agissait d’une terreur – le fait de nuire délibérément à des innocents par un acteur non étatique – à grande échelle.

Ce fut aussi un échec colossal des services secrets israéliens. L’explication la plus probable du manque de préparation d’Israël à l’époque n’est pas tant un manque d’avertissement qu’un manque d’attention. Comme en 1973, la complaisance et la sous-estimation de l’adversaire pourraient s’avérer dangereuses.

Mais c’était aussi un échec de la défense. La dissuasion a clairement échoué : les attaquants ont surmonté des barrières physiques coûteuses. L’état de préparation militaire et les niveaux de troupes d’Israël ont été terriblement insuffisants, peut-être en partie parce que l’attention s’est déplacée vers la protection des colons en Cisjordanie occupée. Il y aura certainement une enquête officielle et indépendante.

Qu’est-ce qu’il y a derrière

La question de savoir pourquoi le Hamas a attaqué reste un sujet de débat. L’explication la plus probable est que le mouvement voulait montrer qu’il lui-même – et non l’Autorité palestinienne qui gouverne la Cisjordanie, ni les gouvernements des pays arabes – est capable et désireux de protéger et de promouvoir les intérêts palestiniens.

Le moment de l’attaque est une autre affaire. Il est possible que la date ait été choisie pour coïncider avec la dernière attaque surprise réussie contre Israël, menée presque exactement jour par jour par l’Égypte et la Syrie il y a 50 ans. Cependant, la planification de l’attaque et la formation des exécuteurs ont pris des mois, ce qui indique un objectif stratégique qui n’est pas lié à une date précise. Ce choix pourrait avoir été motivé par le désir de faire dérailler l’élan croissant des négociations visant à normaliser les relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite, ce à quoi s’oppose fermement l’Iran, principal soutien du Hamas. Le Hamas a peut-être également tenté de tirer profit des conflits politiques internes à Israël. Ou alors c’était le résultat de toutes les circonstances mentionnées.

Un dilemme aigu

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Gaspard Pettigrew

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