Le blocage d’une législation qui a déjà été signée par le Parlement européen est sans précédent dans l’UE. L’Allemagne a renversé sa position et demande une exemption officielle pour les carburants synthétiques. La fin des moteurs à combustion interne est retardée jusqu’à ce que la Commission présente une proposition.
L’article faisait partie d’une revue Une semaine dans l’économie européenneque nous publions en collaboration avec Journal de N.
Ce n’était censé être qu’une formalité. Les États membres se sont déjà mis d’accord avec le Parlement européen pour interdire la vente de voitures neuves à moteur à combustion interne jusqu’en 2035. Le Parlement européen a scellé l’accord par son vote, et le Conseil de l’UE était censé faire de même aujourd’hui (7 mars). réunion.
L’Allemagne a rebattu les cartes en annonçant le dernier jour de février qu’elle n’accepterait l’accord que si la Commission autorisait le fonctionnement des moteurs à combustion utilisant des carburants synthétiques. Dans le cas contraire, le pays s’abstiendra lors du vote, ce qui pourrait remettre en cause la majorité qualifiée pour la proposition environnementale. L’ensemble du vote est ainsi reporté sine die.
De quoi s’agit-il?
Après 2035, les voitures neuves qui émettent des émissions ne devraient plus être vendues dans l’UE. Cela n’affectera pas les anciens, mais en pratique cela signifiera un arrêt de la circulation pour les nouvelles voitures à moteur à combustion interne.
La proposition a trouvé un accord étonnamment rapide entre les États membres et le Parlement européen l’année dernière. Les eurodéputés lui ont donné le feu vert officiel le jour de la Saint-Valentin. Après les trilogues à huis clos, ces derniers votes sont considérés comme une simple formalité, ce qui était également attendu du Conseil de l’UE du 7 mars.
Le premier signe de trouble a été une déclaration du politicien italien eurosceptique Matteo Salvini, qui n’a apparemment remarqué le plan qu’après le vote au Parlement européen. En tant que ministre des Transports, il a qualifié le plan de « suicidaire ».
Cependant, ce n’est que l’annonce de l’Allemagne qui a vraiment remué les cartes. Étant donné que la législation nécessite une majorité qualifiée, c’est-à-dire le consentement de 55 % des pays représentant 65 % de la population de l’UE, le consentement des principaux États est le plus important. Une protestation d’un ou deux pays membres suffirait au retard allemand et à la désapprobation italienne, et la législation verte n’aurait plus assez de voix. Ni la Pologne ni la Bulgarie n’aiment la proposition. Dans ce cas, il reviendrait pour les négociations. La présidence suédoise de l’UE a donc annoncé qu’elle reportait le vote.
Ce qui va se passer
Les carburants synthétiques, qui sont produits à partir d’hydrogène et de CO, reviendront au centre de l’attention2. Si l’hydrogène est produit à partir de sources renouvelables et que le CO2 est capturée dans l’air, la voiture peut être sans émission même si elle fonctionne avec un moteur à combustion interne. Le problème d’aujourd’hui est surtout le prix, alors qu’un litre de ce carburant grimpe à 10 $. L’Allemagne veut voir une proposition concrète afin que des voitures avec un tel entraînement puissent être produites même après 2035. Le vote est donc apparemment reporté jusqu’à ce que la Commission présente une telle proposition.
L’Italie, l’Allemagne et la France, les trois plus grands pays européens, veulent également ralentir les ambitions de l’UE en matière d’écologisation des voitures d’occasion. La norme Euro 7 devrait renforcer les règles d’émission pour toutes les voitures sur les routes européennes, pas seulement les nouvelles. Et l’Italie dit vouloir retarder l’avancement de cette législation jusqu’aux nouvelles élections européennes périodes.
Pourquoi c’est important?
Dans le contexte de la conjoncture économique, on craint que l’Europe ne recule dans ses ambitions climatiques. Si la proposition de mettre fin aux moteurs à combustion interne venait à dérailler à la dernière minute, ces craintes seraient confirmées.
Il est possible que l’Allemagne ne fasse que prendre exemple sur Viktor Orbán et essaie d’obtenir des concessions pour ses projets favoris. Il est dommage qu’il n’utilise pas pour cela les processus législatifs classiques, en l’occurrence le trilogue. Bien qu’il puisse obtenir ce qu’il veut dans ce cas, cela n’ajoute pas de crédibilité et de lisibilité à l’UE.
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