Les gens de l’âge du bronze ont consommé de la drogue pendant longtemps et de manière constante. C’est la conclusion à laquelle est parvenu un groupe de scientifiques espagnols qui ont analysé les restes de cheveux d’un site funéraire sur l’île de Minorque, écrit El País. Selon les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue Scientific Reports, il s’agit de la première preuve directe de consommation de drogue en Europe depuis si longtemps.

Un site funéraire sur le site ES Càrritx avec les restes d’environ 210 personnes a été accidentellement découvert par des spéléologues en 1995. Dans les grottes de Minorque, les archéologues ont également découvert des vases où les restes de cheveux d’environ des dizaines de personnes ont été conservés. Elles ont probablement été placées dans des vases lors d’un rituel funéraire à la fin de l’âge du bronze.

Les technologies d’aujourd’hui ont permis aux scientifiques des universités de Barcelone et de Valladolid de soumettre les cheveux trouvés à des tests qui révèlent l’usage de drogues. Les tests ont prouvé la présence de trois substances narcotiques, l’atropine, la scopolamine et l’éphédrine. L’atropine et la scopolamine appartiennent à la catégorie des alcaloïdes dont la consommation peut provoquer, par exemple, des hallucinations.

« La concentration (de médicaments) que nous avons trouvée sur toute la longueur des cheveux montre qu’il s’agissait d’une consommation à long terme et continue », a déclaré la chercheuse Elisa Guerra de l’Université de Valladolid.

Selon Guerra, les scientifiques ne disposaient jusqu’à présent que de preuves indirectes de la consommation de substances psychotropes à l’âge du bronze en Europe. Il s’agissait, par exemple, des restes de ces substances dans des conteneurs. « C’est la première preuve directe trouvée chez l’homme en Europe », a-t-elle ajouté.

Les scientifiques ont également tenté de comprendre à qui appartenaient les cheveux. Seule une petite partie des 210 personnes enterrées ont conservé leurs cheveux après leur mort. Cela indiquerait qu’il s’agissait d’un groupe spécifique. Selon les scientifiques, rien n’indique que la société était divisée en classes ou en strates de richesse au moment où le site funéraire était actif. Les découvertes de certains artefacts, par exemple des statuettes à forme animale et humaine, indiquent qu’il y avait des spécialistes des rituels religieux dans ces sociétés. Selon les auteurs de l’étude, les cheveux appartenaient probablement à des chamans qui savaient manipuler des substances qui peuvent aussi être très toxiques.

« C’étaient des gens qui se consacraient à la guérison, à la prise en charge des maux du corps et de l’âme », a déclaré l’archéologue Jordi Tresserras de l’Université de Barcelone.

Les experts soulignent que les découvertes de preuves de consommation de drogue dans les temps anciens en Europe sont relativement rares. Au contraire, la consommation de substances narcotiques chez certaines civilisations précolombiennes, comme les Aztèques, est bien documentée.