En relation avec la guerre entre Israël et le mouvement islamiste radical palestinien Hamas dans la bande de Gaza, on craint à plusieurs reprises en Europe une augmentation de l’antisémitisme, mais les cas d’expressions de haine contre les musulmans se multiplient également. C’est ce qu’a rapporté aujourd’hui l’agence Reuters, qui s’est entretenue avec plus de 30 représentants des communautés musulmanes de Grande-Bretagne, d’Allemagne et de France.

Cependant, de nombreux incidents anti-musulmans ne figurent pas dans les statistiques de la police, car les personnes agressées ne font pas confiance à la police ou ont peur de nouvelles manifestations de haine. Cela s’applique également aux victimes d’actes antisémites, a rapporté Reuters, citant des représentants des communautés juives de ces trois pays.

Incendie criminel, attaques verbales et tête de cochon

La guerre dans la bande de Gaza a commencé le 7 octobre avec une attaque brutale du Hamas contre Israël, au cours de laquelle des militants palestiniens ont tué plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, dont des femmes et des enfants. 240 autres personnes ont été prises en otage dans la bande de Gaza, dont environ 160 sont toujours détenues. En représailles, Israël a lancé un bombardement massif de la bande de Gaza, au cours duquel, selon les données palestiniennes, 15 000 personnes sont mortes en sept semaines, dont deux tiers de femmes et de mineurs.

Selon Reuters, depuis le 7 octobre, les expressions de haine ont considérablement augmenté dans certains pays européens. Rien qu’à Londres, le nombre d’incidents antisémites enregistrés a augmenté de 1 240 pour cent. Les expressions de haine contre les musulmans en Grande-Bretagne ont également augmenté, mais de manière moins significative, selon Reuters. Cependant, de nombreux incidents n’ont pas été enregistrés dans les dossiers de la police, a ajouté l’agence.

Tentatives d’incendie criminel, attaques verbales, vandalisme et tête de porc dans une mosquée comptent parmi les plus de 700 incidents islamophobes survenus en Grande-Bretagne au cours du mois dernier, soit sept fois plus que le mois précédent. Cela découle des données de l’organisation non gouvernementale britannique Tell MAMA.

Les victimes ne font pas confiance à la police

Le Conseil musulman de France a reçu 42 lettres de menaces entre le 7 octobre et début novembre, a indiqué son vice-président Abdallah Zekri. Elle a également remarqué des graffitis racistes sur les mosquées. « La plupart des musulmans ne portent pas plainte auprès de la police pour avoir été victimes d’un tel incident. Les responsables des mosquées non plus. Ils ne veulent pas passer deux heures ou plus au commissariat à déposer une déclaration qui restera finalement sans réponse. » dit Zekri.

Il en va de même pour les signalements de tels incidents en Allemagne. « Les victimes d’agressions racistes, comme les musulmans ou ceux considérés comme musulmans par leur entourage, ont souvent peur de s’adresser à la police parce qu’elles craignent une victimisation secondaire ou que la police ne les croie pas », a déclaré Rima Hananová de l’ONG allemande Claim. . Par exemple, selon elle, la police allemande enregistre parfois les attaques contre des mosquées uniquement comme des dommages matériels, sans motif raciste.

Le mois dernier, l’avocat berlinois Jian Omar, un Kurde de Syrie qui a reçu plusieurs courriers de menaces et dont quelqu’un a brisé sa vitre, a également été victime d’expressions de haine. « Que se passerait-il si une telle attaque impliquait un homme politique allemand et que l’auteur était un migrant », a déclaré Omar, ajoutant que la police aurait fait plus d’efforts dans ce cas. Selon Reuters, en Allemagne et en Grande-Bretagne, certains enfants musulmans sont également confrontés à des discours de haine dans les écoles.