Macron à Bratislava et la Slovaquie en plein jeu mondial – Commentaires et gloses – Opinions

Réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis, renforcer la coopération énergétique et une paix juste pour l’Ukraine. Cela peut résumer brièvement le message du président français Emmanuel Macron, qui s’est rendu en Slovaquie. Comment lire ce chemin ? Et comment s’inscrit-elle dans le contexte plus large de la politique étrangère française ?

Macron promeut depuis longtemps le concept d' »autonomie stratégique » de la communauté européenne. Sa philosophie consiste principalement à réduire la dépendance sécuritaire de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. La raison réside non seulement dans la réduction de notre menace en cas d’arrivée au pouvoir d’un président isolationniste aux États-Unis, mais aussi dans la réduction du risque que l’Europe soit entraînée dans le conflit entre la Chine et les États-Unis. Ainsi, la France a l’ambition de créer une puissance plus autonome à partir de l’Europe. Mais dans quelle mesure n’est-ce pas une idée idéalisée ?

L’essence de l’autonomie stratégique s’est également manifestée dans la coopération avec la Fédération de Russie. Cela peut notamment expliquer les dialogues peu fréquents de Macron avec Poutine (surtout au début de la guerre) ou son idée que la Russie ne peut pas être humiliée. Cependant, la campagne insensée de la Russie contre l’Ukraine a balayé (temporairement ?) les efforts pour une coopération plus étroite.

L’agression russe, d’autre part, a accru l’intérêt français pour une coopération plus étroite avec les États d’Europe de l’Est. Les déplacements de Macron sont aussi une manifestation de l’assurance que la France est derrière nous. Cela est démontré non seulement par sa déclaration sur l’augmentation du soutien en cas de baisse de l’intérêt des États-Unis, mais aussi par sa tournée actuelle dans les pays qui ont souffert sous le régime soviétique.

Une coopération et une participation plus efficaces des États européens à l’architecture de sécurité et une moindre dépendance vis-à-vis de la puissance militaire des États-Unis sont également dans notre intérêt.

Malgré ces efforts, il ne s’agit cependant pas d’une mission facile, dont la réalisation trouve une compréhension claire de certains États d’Europe de l’Est. La faible compréhension mutuelle découle principalement d’expériences historiques différentes avec l’Union soviétique « fraternelle ». Alors que la France perçoit les États d’Europe de l’Est comme trop obsédés par la menace russe, ils perçoivent à leur tour la France comme trop naïve en négligeant les ambitions impérialistes russes.

Néanmoins, l’idée d’autonomie stratégique de Macron a quelque chose dedans. Une coopération et une participation plus efficaces des États européens à l’architecture de sécurité et une moindre dépendance vis-à-vis de la puissance militaire des États-Unis sont également dans notre intérêt. Cependant, une condition préalable fondamentale de cette vision est la fin de la guerre en Ukraine, l’établissement d’une paix juste et la création de garanties de sécurité pour l’Ukraine constamment attaquée. Sinon, l’Europe sera déchirée et préoccupée par le conflit avec une Russie qui se radicalise, tandis que le principal « jeu d’échecs » se jouera dans le Pacifique.

Dans ce contexte, on peut se demander dans quelle mesure nous devons agir « avec des gants » avec la Russie. D’un côté, il y a l’argument selon lequel écraser et humilier ferait place à un scénario similaire à celui dans lequel l’Allemagne s’est retrouvée après la Première Guerre mondiale. Cela ne pouvait que provoquer plus d’amertume et de revanchisme russe. En revanche, depuis 2014, on a pu constater que le laxisme face à l’impérialisme russe et le laisser-aller à l’agresseur ne font qu’augmenter son appétit d’expansion et d’escalade du conflit. Le sort de l’Europe (et de l’autonomie stratégique) est également entre les mains de la Russie, qui devrait se retirer au plus vite et mettre fin à cette guerre insensée.

En tout cas, c’est une bonne nouvelle que la Slovaquie soit aussi au centre de la politique internationale et participe aux efforts pour une position plus autonome de l’Europe sur l’échiquier mondial. La visite importante de Macron en est la preuve.

Napoleon Favre

"Lecteur. Voyageur évangéliste. Internetaholic indépendant. Fier spécialiste du Web. Passionné de Twitter."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *