Macron – pour réduire la dépendance de la défense de l’UE vis-à-vis des États-Unis – Analyses et constats – Opinions

Dans son allocution finale à la conférence Globsec, le président de la République française, Emmanuel Macron, a proposé une initiative fondamentale. Son objectif est de renforcer l’indépendance et la souveraineté de l’UE en tant qu’acteur mondial et de limiter la dépendance de la sécurité européenne vis-à-vis des États-Unis.




04/07/2023 12:00

La sécurité de l’UE ne peut pas dépendre des électeurs américains

Macron a présenté une vision d’une Europe large et forte, de plus en plus responsable de sa propre sécurité, de la résolution des problèmes de son voisinage et de sa capacité à résister à l’expansionnisme agressif de la Russie. Dans le même temps, il a souligné qu’il ne voulait en aucun cas remplacer l’OTAN par quelque chose de nouveau, d’européen, une sorte de copropriété de la France et de l’Allemagne. Il s’agit au contraire de renforcer la défense de l’UE et du pilier européen au sein de l’OTAN. Il a remercié l’actuelle administration américaine d’avoir déployé les mêmes efforts que l’UE face à l’agression russe contre l’Ukraine et d’avoir renforcé notre sécurité collective.

Mais il a formulé un dilemme européen fondamental : « Cette administration sera-t-elle toujours la même ? Personne ne le sait, et nous ne pouvons pas laisser notre sécurité et notre stabilité collectives au choix des électeurs américains pour les années à venir. » Et il a souligné que depuis des années, quelle que soit l’administration au pouvoir, le peuple américain nous demande de mieux partager le fardeau du maintien de l’OTAN et de se soucier davantage de notre propre sécurité. Selon le président français, la seule façon d’être crédible vis-à-vis de nous-mêmes est de prendre notre juste part du fardeau et de réduire notre dépendance vis-à-vis des États-Unis.

Il a formulé une conclusion politique claire : « Pour ce faire, nous devons maintenant accélérer de toute urgence nos décisions stratégiques et la mise en œuvre de ce pour quoi nous avons décidé de nous battre. Et c’est plus ou moins le programme que nous devons élaborer si nous voulons construire notre destin commun. »

Le gouvernement du président a ignoré l’appel de Macron

Compte tenu de l’importance du discours de Macron à Bratislava, qui a eu lieu moins de deux semaines avant l’approbation de l’énoncé de programme du gouvernement d’Ódor, il était naturel de s’attendre à ce que ce document contienne au moins une phrase sur la nécessité de faire face à son initiative . Il n’y en a pas eu, bien que la déclaration de programme dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité se fixe l’ambitieuse tâche de développer une stratégie de politique étrangère à moyen terme. Laissons de côté la légitimité d’une telle tâche pour un gouvernement de courte durée et sans la confiance du Parlement.

Si elle s’est fixé une telle tâche, pourquoi la proposition d’autonomie stratégique européenne n’a-t-elle pas été mentionnée dans le programme gouvernemental ? Pas par courtoisie diplomatique envers l’invité français, que le président et le premier ministre ont officiellement rencontré. Surtout parce qu’il faut le traiter avec sérieux. Parce que l’avenir de l’UE doit compter pour la Slovaquie. Il doit participer activement à sa création. Et ceci est basé sur la définition consensuelle de nos intérêts d’État-nation dans un monde en mutation et dans une union en mutation après une discussion politique interne approfondie.

Selon le président français, la seule façon d’être crédible envers nous-mêmes est de prendre notre juste part du fardeau et de réduire notre dépendance vis-à-vis des États-Unis.

Aucune réponse à l’initiative de Macron de la part de l’actuel gouvernement libéral de droite ne peut être liée à la nouvelle stratégie de sécurité de la République slovaque. En janvier 2021, la coalition dirigée par Igor Matovič est battue par seulement 77 députés, alors qu’elle dispose d’une majorité constitutionnelle. Le député Peter Kmec, ancien ambassadeur aux États-Unis, a déclaré à ce sujet que ce n’était pas une victoire pour la Slovaquie. Il a fait valoir que la nouvelle stratégie révisait les priorités étrangères de longue date et plaçait la coopération stratégique de la Slovaquie avec les États-Unis au-dessus de la coopération avec l’UE, l’OTAN et le V4. De plus, la stratégie de sécurité a été adoptée sans véritable débat public, créant des risques que le public se sente trompé.

Malheureusement, ces risques se sont réalisés. La politique étrangère et la politique de sécurité des gouvernements Matovič puis Heger, découlant de la stratégie, n’ont pas atténué, mais au contraire renforcé les sentiments anti-américains dans la société slovaque. En d’autres termes, le fait que le principe de donner la priorité aux États-Unis et non à l’UE ait été affirmé a contribué à perturber le consensus de politique étrangère créé en Slovaquie et respecté par les principales forces politiques pendant longtemps. Adhérer à la vision de Macron d’une autonomie stratégique européenne, c’est adhérer à nouveau au principe de « l’UE d’abord ».

Mais il ne s’agit nullement d’une remise en cause de l’OTAN, ni des obligations de la Slovaquie dans cette organisation, ni du rôle exceptionnel que jouent les USA au sein de l’OTAN. Nous apprécions l’alliance avec les États-Unis, mais nous ne devrions pas lui donner la priorité sur notre adhésion à l’UE.

Il n’est ni dans notre intérêt, ni dans l’intérêt de l’UE dans son ensemble, que la dépendance unilatérale vis-à-vis des États-Unis en matière de défense et de sécurité perdure et ne soit pas résolue. Macron attire l’attention sur cela avec tout le respect que je dois à nos alliés américains. La politique slovaque devrait donc également entamer une discussion de fond sur ce que notre pays peut faire au sein de l’UE pour se libérer de cette dépendance unilatérale, comment il peut soutenir le projet d’autonomie stratégique européenne. Cela fait également partie du renforcement de notre souveraineté et en même temps de celle de l’Europe.

Le fait que la situation soit grave est attesté par le rapport des experts de la Conférence de Munich sur la sécurité du 28 juin 2024. Il y est indiqué que les États européens de l’OTAN n’avancent pas assez rapidement dans la modernisation de leurs forces armées. Leurs projets communs de planification d’armements, d’approvisionnement et d’augmentation des dépenses de défense sont entravés par un manque d’engagement.

Gaspard Pettigrew

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