Les députés qui ont voté pour les amendements à la loi sur la FIV vont-ils pourrir en enfer pour avoir prétendument introduit l’avortement furtif ?
Ceux qui ont voté contre ces amendements sont-ils des individus au cœur dur et sans compassion pour les patients qui aimeraient tant avoir un enfant ?
Des questions justes qui demandent une réponse claire.
Lors du débat référendaire sur le divorce, un pas en avant important a été réalisé par sept prêtres (dont moi) qui ont rédigé une déclaration affirmant que les citoyens et les députés ont le devoir et le droit de voter selon leur conscience, quelles que soient leurs exigences. C’est un principe fondamental de la théologie morale catholique.
Lorsque les hommes politiques sont confrontés à une loi dont certaines parties leur paraissent répréhensibles, il existe deux voies possibles à suivre.
Ils peuvent dire que leurs objections sont si fondamentales qu’ils n’y seront pour rien et qu’ils voteront contre. Telle semble avoir été la position des députés du PN qui ont voté « non ».
Je respecte pleinement leur décision. Des positions différentes sont si courantes dans de telles circonstances. Je trouve étrange et inquiétant que certains membres du gouvernement aient exprimé des objections en privé mais n’aient pas eu le courage de les exprimer en public.
La majorité des députés du PN ont estimé que puisque l’objectif général de la loi – aider les parents remplissant certaines conditions à avoir un enfant en bonne santé – est un bon objectif, tous les efforts devraient être faits pour réduire autant que possible les éléments négatifs. Cela fait, ils ont voté « oui ». C’est une position raisonnable.
Les députés du PN qui ont voté « oui » affirment avoir réussi à introduire deux changements importants.
Désormais, ce n’est plus l’Autorité de protection des embryons qui peut allonger la liste des maladies génétiques. Cela doit se faire au moyen d’un avis juridique qui peut être débattu au Parlement, augmentant ainsi le niveau de transparence politique et de responsabilité publique.
Il existe toujours, disent les mêmes députés, un amendement plus important qui réduira considérablement le nombre de tests sur les embryons fécondés dans le cadre du processus de FIV (techniquement appelé test DPI). Dans huit des neuf conditions énumérées dans la loi, il n’est pas nécessaire de tester l’embryon pour rechercher d’éventuelles anomalies. Il suffit de tester les ovules (ovocytes) produits par la femme.
L’amendement introduit légalement oblige les autorités à fournir aux futurs parents des informations complètes sur ce test (techniquement appelé biopsie du corps polaire), qui est à la fois sans risque et aussi efficace que le test d’embryons. Les futurs parents décident ensuite quel test réaliser.
N’est-il pas raisonnable de conclure, disent les députés du PN, que dans ces huit cas, les parents préféreraient un test sans risque plutôt que de tester l’embryon avec un élément de risque ?
La neuvième condition qui ne peut être découverte que par des tests sur les embryons est la Huntington chez les hommes.
Désormais, ces futurs parents peuvent choisir entre des embryons pour s’assurer que leur progéniture ne souffrira pas de la même maladie génétique grave. Les embryons « défectueux » et les embryons « sains » non utilisés pour l’implantation resteront congelés.
Les députés ont le devoir et le droit de voter selon leur conscience– Le P. Joe Borg
Je ne suis ni favorable au choix entre les embryons ni à la congélation et j’ai écrit contre la congélation des embryons. Mais le gel est légal – dans des cas exceptionnels – depuis 2012 et est devenu la norme en 2018.
Dans le cadre du processus de FIV, cinq ovules sont fécondés et ceux qui ne sont pas implantés chez la femme sont congelés.
Ainsi, un vote pour la nouvelle loi n’est pas un vote pour l’introduction du gel. Et il ne s’agissait certainement pas d’un vote pour l’introduction de l’avortement furtif ou autrement, comme plusieurs l’ont déclaré à tort sur les réseaux sociaux.
La majorité des députés du PN croyaient en conscience que les amendements qu’ils avaient introduits faisaient une différence substantielle.
Ils ont décidé de voter pour ce qui garantirait le meilleur bien possible dans les circonstances, puisque le gouvernement disposait de suffisamment de voix pour adopter la loi telle que proposée initialement.
Dans de tels débats, il faut garder à l’esprit la différence essentielle entre une église et un parti politique.
Les partis politiques font de la politique qui est l’art du possible, quelque chose de plus difficile à réaliser dans un État pluraliste comme le nôtre. On est obligé de faire de son mieux dans les circonstances, même si cela implique de choisir le moindre de deux maux.
L’Église, en revanche, est prophétique. Cela motive et stimule constamment l’humanité à toujours lutter pour le bien le plus élevé. L’Église doit continuer à faire entendre sa voix, car une telle voix critique et prophétique est essentielle dans une société pluraliste.
Il est raisonnable d’affirmer que dans des situations complexes, le « meilleur dans les circonstances » (le devoir politique) ne correspond pas toujours au « bien suprême » (la mission de l’Église).
L’Église et le lobby pro-vie devraient désormais être très attentifs à ne pas tomber dans le même piège dans lequel l’Église aux États-Unis est tombée. Dans sa lutte pro-vie, l’Église s’est mêlée au Parti républicain et à Donald Trump, qui sont anti-avortement mais pas pro-vie.
Notre lobby pro-vie mérite d’être salué. Mais il lui faut désormais une bonne stratégie pour promouvoir continuellement une politique davantage pro-vie plutôt qu’une politique principalement anti-avortement.
Il devrait continuer à s’éloigner des chefs religieux fondamentalistes et des politiciens conservateurs de droite. Autrement, il pourrait mettre en danger sa noble mission pro-vie en étant perçu comme un groupe de pression ou un parti ħonnella.
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