MULHOUSE – Un militant indépendantiste de la Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique, actuellement détenu en métropole, s’est déclaré lundi prisonnier politique, a rapporté mardi l’agence AFP.
Christophe Tein, 56 ans, est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusée par Paris d’avoir orchestré des semaines de troubles en Nouvelle-Calédonie. Des membres de la CCAT rejettent cette accusation. Christophe Tein est actuellement en détention à Mulhouse, dans le nord-est de la France, où il a également reçu la visite de deux membres du Sénat français. Selon l’agence AFP, dont le correspondant a assisté à cette conversation, ils n’ont pas été autorisés à parler de la situation politique. Christophe Tein était l’un des sept militants du mouvement indépendantiste qui ont été transférés de Calédonie vers la métropole, à près de 17 000 kilomètres de l’archipel, le 23 juillet.
Outre Mulhouse, des militants kanak sont également détenus dans des centres de détention à Dijon et dans la ville de Riom, près de Clermont-Ferrand. Leur transfert a déclenché de nouvelles émeutes dans les rues de Nouvelle-Calédonie. Les autorités ont placé Tein sous enquête judiciaire, soupçonné, entre autres, de complicité de tentative d’assassinat et d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. Lundi, le CCAT a demandé « libération et retour immédiats » détenus des militants afin qu’ils puissent être jugés en Nouvelle-Calédonie et accusent simultanément les autorités françaises de « tactiques coloniales ».
Des émeutes en Nouvelle-Calédonie ont éclaté à la mi-mai
La Ligue française des droits de l’Homme a déclaré dans un communiqué que la détention de militants sur le territoire continental est « une grave violation de leur droit à la vie privée et familiale ».Des émeutes ont éclaté en Nouvelle-Calédonie à la mi-mai, à la suite d’une réforme électorale controversée proposée par le président français Emmanuel Macron. Elle devait étendre le droit de vote aux personnes résidant sur l’archipel depuis au moins dix ans, ce qui a suscité la colère de certains membres de la communauté autochtone kanak, qui craignent que leurs droits soient restreints au profit des habitants du continent et que leurs espoirs de proclamer l’indépendance soient anéantis.
Les violences ont fait neuf morts et plus de 1 500 arrestations. La Nouvelle-Calédonie est devenue territoire français en 1853 sous l’empereur Napoléon III, neveu et héritier de Napoléon. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie est un territoire d’outre-mer et en 1957, tous les Kanaks ont obtenu la nationalité française. Les opinions sur le maintien de l’archipel au sein de la France, son autonomie ou son indépendance divisent la population selon des critères ethniques.
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