Les procureurs français ont inculpé une société informatique française qui aurait aidé le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi à espionner des personnalités de l’opposition qui ont ensuite été arrêtées et torturées, ont indiqué jeudi des sources proches de l’enquête.
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Amesys, aujourd’hui propriété du groupe technologique Bull, et son ancien patron, Philippe Vannier, ont été inculpés le 18 juin pour complicité d’actes de torture, ont indiqué ces sources.
L’enquête a été ouverte en 2013 à la suite d’une plainte déposée par deux ONG basées en France, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH).
Ils ont accusé Amesys d’avoir vendu à la Libye entre 2007 et 2011 du matériel de surveillance Internet utilisé pour traquer les opposants au gouvernement.
L’accord a été rapporté pour la première fois par le Wall Street Journal en 2011, alors que les manifestations du Printemps arabe contre les gouvernements autocratiques faisaient rage dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont la Libye.
Contacté par l’AFP, l’avocat de la société, Olivier Baratelli, a démenti « toute forme de complicité de torture quelle qu’elle soit ».
Amesys a reconnu l’accord technologique avec la Libye, conclu dans le contexte d’un rapprochement entre le régime de Kadhafi et l’Occident à partir de 2007, lorsque Kadhafi a rendu visite à Paris au président français Nicolas Sarkozy.
« Une décennie plus tard, il est temps d’affronter la justice », a déclaré la FIDH sur Twitter.
Accords entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite
L’enquête française vise également une autre société, Nexa Technologies, accusée d’avoir vendu une version mise à jour du logiciel Amesys au gouvernement du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.
Le logiciel, appelé « Cerebro », est capable de rechercher des messages ou des appels en temps réel, ce qui, selon des groupes de défense des droits, a contribué à l’emprisonnement de milliers de prisonniers politiques égyptiens.
Olivier Bohbot, le patron de Nexa, et deux autres dirigeants ont été inculpés le mois dernier pour « complicité d’actes de torture et de disparitions forcées ».
L’organisation de défense des droits humains Amnesty International, basée à Londres, a salué les inculpations des deux sociétés, les qualifiant de « sans précédent ».
« Ces actes d’accusation envoient un message clair aux sociétés de surveillance : elles ne sont pas au-dessus des lois et pourraient être tenues pénalement responsables de leurs actes », a déclaré la semaine dernière Rasha Abdul Rahim, directrice technique d’Amnesty.
La FIDH indique que les juges enquêtent également sur la vente de technologies similaires à l’Arabie saoudite.
(AFP)
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