L’auteur est un commentateur de Bloomberg Opinion
Vous pouvez imaginer la situation actuelle au Niger de différentes manières. Elle peut être perçue comme honteuse, mais aussi sinistre et catastrophique, voire apocalyptique.
C’est honteux parce que le coup d’État du 26 juillet représente un coup porté à l’Occident désemparé : ni l’ancienne puissance coloniale malheureuse la France ni la superpuissance déclinante des États-Unis ne s’attendaient à quelque chose comme ça. C’est de mauvais augure parce que c’est une aubaine pour la Russie et la Chine alors qu’elles rivalisent avec l’Occident pour l’influence dans la région et dans le monde. C’est potentiellement désastreux car c’est un obstacle à la lutte contre le terrorisme djihadiste et les migrations incontrôlées. Et cela pourrait être apocalyptique s’il glissait dans une guerre mondiale.
Et tout cela parce qu’un général a entendu qu’il pourrait être renvoyé, alors il a plutôt décidé de déposer le chef qu’il était censé protéger. Pas d’idéologie ni de géopolitique, pas de crise alimentaire mondiale, mais ce problème de personnel a été la cause immédiate du coup d’État du Niger, le cinquième depuis l’indépendance de la France en 1960.
Il est clair ce qui va arriver
En 2020, il y a eu plus d’une demi-douzaine de coups d’État dans la région : deux au Mali et au Burkina Faso, et d’autres en Guinée et au Soudan. Depuis lors, le chaos règne dans ces pays de l’Atlantique à la mer Rouge. S’il y a un enfer sur terre, c’est le Sahel, une région de savane aride au sud du Sahara.
Ce général nigérien s’appelle Abdourahamane (Omar) Tchiani. En tant que commandant de la garde présidentielle, il était censé protéger le président Mohamed Bazoum, élu en 2021, qui était un précieux allié américain au Sahel. Mais au moment où Bazoum songeait à remplacer Tchiani, le général et sa junte l’en avaient empêché. Bazoum s’est enfui dans le couloir de son bureau vers une pièce sécurisée. Caché, il supplie le monde extérieur de l’aider, dictant même son commentaire au Washington Post par téléphone.
Si les coups d’État au Burkina Faso et au Mali sont des exemples typiques, on sait ce qui va se passer ensuite. La junte nigérienne expulse les troupes françaises et américaines qui y sont encore stationnées et se jette dans les bras du président russe Vladimir Poutine et d’Evgueni Prigojine, commandant du groupe Wagner, l’impitoyable armée de mercenaires russes. Alors que le coup d’État au Niger était en cours, Poutine a accueilli d’autres dirigeants africains dociles à Saint-Pétersbourg, les pressant de soutenir ou du moins de ne pas s’opposer à sa guerre contre l’Ukraine.
Juste une autre ligne de front
Cet article est un contenu exclusif pour les abonnés Denník N.
Cet article est un contenu exclusif pour les abonnés Denník N.
« Analyste de longue date. Passionné de cuisine subtilement charmant. Introverti. Accro aux médias sociaux. Lecteur. Pionnier général de la télévision. Étudiant. Future idole des adolescents. »