Avant-guerre, Macron a proposé un sommet avec Biden à Poutine

Quatre jours seulement avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président français Emmanuel Macron a suggéré au chef du Kremlin, Vladimir Poutine, de rencontrer son homologue américain, Joe Biden. « Pour être honnête, je voulais aller jouer au hockey sur glace », a réagi le président russe.

Un appel téléphonique surréaliste

Les paroles de Poutine sont intervenues à la fin d’une conversation téléphonique tendue et souvent surréaliste de neuf minutes avec Macron, qui devrait être diffusée jeudi par la chaîne publique française France 2, a rapporté The Telegraph.

Le documentaire comprendra également l’interview de Macron avec le Premier ministre britannique Boris Johnson deux jours seulement avant l’invasion. Dans ce document, Johnson exprime ses réserves sur les tentatives de dialogue de Macron avec le président russe, déclarant : « Chaque fois que nous parlons à Vladimir Poutine, j’ai l’impression qu’il est plus agressif. Je pense que nous avons l’air un peu faible. Il veut ce qu’il veut. Ça ne s’arrêtera pas. »

Avec Macron dans le bunker

Macron a eu un appel téléphonique avec Poutine dans un bunker anti-nucléaire, un centre de commandement de crise sous l’Elysée, où aucun journaliste avec une caméra n’a jamais tiré sur le chef de l’Etat.

Sous le feu des affirmations selon lesquelles il était trop accommodant avec Poutine, avec qui il a parlé à plusieurs reprises avant et après l’invasion, Macron a décidé que la meilleure façon de montrer la « réalité plus douce » était d’inviter les caméras dans son « sanctum intérieur ».

« Vladimir, une chose d’abord ! » Macron a lancé au début de l’interview, qui a eu lieu le matin du 20 février alors que le dirigeant français cherchait à empêcher la guerre.

« Écoutez, Emmanuel », a interrompu Poutine.

« Je voudrais que vous m’expliquiez d’abord la situation. Et peut-être assez directement, comme c’est notre habitude, il m’a dit quelles sont vos intentions », a poursuivi Macron.

« Que puis-je dire ? Vous voyez vous-même ce qui se passe », a rétorqué Poutine, accusant l’Ukraine de violer les accords de Minsk qui ont réduit l’ampleur du conflit qui a éclaté en 2014. Il a critiqué le président ukrainien pro-occidental Volodymyr Zelensky et accusé son gouvernement de à la recherche d’armes nucléaires.

« Nonsense », a crié Emmanuel Bonne, l’influent conseiller diplomatique de Macron, derrière la caméra.

« En réalité, notre cher collègue, M. Zelensky, ne fait rien » pour mettre en œuvre les accords de Minsk, a déclaré Poutine, ajoutant : « Il vous ment ».

Le chef du Kremlin a en outre affirmé que les propositions des séparatistes de l’est de l’Ukraine devaient être prises en compte.

« Mais nous ne sommes pas intéressés par les propositions des séparatistes », a rétorqué Macron.

« Je ne sais pas si votre conseiller juridique a étudié le droit ! Quant à moi, je regarde juste les textes et j’essaie de les appliquer. Je ne sais pas quel conseiller juridique pourrait vous dire que dans un pays souverain, les textes législatifs sont proposés par des séparatistes, et non par des instances démocratiquement élues », a déclaré Macron.

« C’est bien », a répondu le conseiller diplomatique.

« Ce n’est pas un gouvernement démocratiquement élu », a soutenu Poutine. « Ils sont arrivés au pouvoir par un coup d’État sanglant. Des gens ont été brûlés vifs. C’était un bain de sang. Et Zelensky est l’un des coupables », a souligné le président russe.

Malgré les tensions, Macron a tenté de jouer le rôle de médiateur, promettant de pousser Zelensky à « calmer tout le monde » non seulement dans les forces armées ukrainiennes mais aussi sur les réseaux sociaux.

« Ne faites l’objet d’aucune provocation dans les heures et les jours à venir », a prévenu le chef de l’Elysée.

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La conversation entre les deux dirigeants se termine avec Macron suggérant que Poutine rencontre Biden.

Le président russe a répondu ainsi : « Pour être honnête, je voulais aller jouer au hockey sur glace. » Je te parle depuis la salle de sport. Mais d’abord, je parlerai à mes conseillers », a ajouté Poutine.

« En tout cas, merci, Vladimir. Nous resterons en contact en temps réel. Si quoi que ce soit, appelez-moi », a conclu Macron.

« Merci, Monsieur le Président », a ajouté Poutine en français.

Le jour de l’invasion

Après que la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine le 24 février, Macron a parlé à Zelensky au téléphone – les roquettes nocturnes ont frappé la capitale ukrainienne de Kiev.

« Et maintenant, ils sont à Kyiv. Ils se battent à Kyiv », a déclaré le président ukrainien.

« Est-ce qu’ils ont des forces spéciales et des hélicoptères ou…? » a demandé un Macron inquiet.

« Ouais, des avions et des hélicoptères, tout. On le voit dans les médias, on les voit partout, ils sont nombreux », a réagi le dirigeant ukrainien.

« Avez-vous une idée du nombre de civils qui ont déjà été tués ? a demandé Macron.

« Non, des milliers… », fut la réponse.

« Et vous, êtes-vous en sécurité ?

« Je pense que oui », a répondu Zelensky.

Macron déçu

Macron a également parlé à Poutine au téléphone le jour de l’invasion, mais aussi plus tard. Il a toujours insisté sur le fait que la diplomatie est la bonne chose à faire, mais il a également été critiqué pour n’avoir fait le voyage à Kyiv que la semaine dernière pour soutenir Zelensky.

« Nous ne l’avons pas convaincu et il a attaqué l’Ukraine », a déclaré le dirigeant français.

« Je pensais que grâce à la confiance et à la discussion intellectuelle, nous pourrions trouver un moyen avec Poutine. »

Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que Poutine était un homme dangereux, Macron a répondu : « Je ne vous dirai jamais ce que je pense ».

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Irène Belrose

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