Le général Charles de Gaulle est considéré comme le plus grand homme d’État français du XXe siècle, mais aussi comme une personnalité complexe et contradictoire. Le héros de guerre qui a introduit le système présidentiel dans le pays est décédé il y a 50 ans.
Il a parlé à deux reprises de manière significative de l’histoire de son pays. La première fois pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que héros de la résistance étrangère anti-nazie et la deuxième fois en 1958, lorsqu’il sortit de sa réclusion et accepta le poste de Premier ministre. Selon les historiens, Charles de Gaulle a ainsi empêché la guerre civile imminente due à la crise en Algérie.
Par la suite, il a imposé une nouvelle constitution en France, comprenant un système présidentiel, et a remporté l’élection directe du chef de l’État. Il devient président de la Ve République française en janvier 1959.
Ainsi, au seuil de soixante-dix ans, le général légendaire pourrait commencer à réaliser son « idée de la France », qu’il a portée, comme il l’écrit dans ses mémoires, dans sa tête toute sa vie.
Le natif de Lille a décidé de faire carrière dans l’armée après avoir terminé ses études secondaires et a été l’un des meilleurs élèves de l’académie militaire de Saint-Cyr. Diplômé, il rejoint le régiment commandé par le futur héros national et plus tard symbole de la collaboration avec les nazis, Philippe Pétain, en 1913 comme sous-lieutenant d’infanterie. Ensemble, ils se rendirent également sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, où de Gaulle fut cependant poursuivi par malchance. Il fut blessé trois fois et en mars 1916 il fut capturé par les Allemands près de Verdun. Il y passa 32 mois, au cours desquels il tenta de s’échapper à cinq reprises, mais échoua une seule fois.
Il reste dans l’armée même après la signature de l’armistice, dans les années vingt il devient adjudant du maréchal Pétain et se lance également dans l’édition. Il a critiqué la manière statique de combattre, a promu les principes de guerre modernes avec des unités motorisées équipées de technologies blindées et, grâce à ses opinions, il s’est retrouvé de plus en plus au centre de l’attention.
Ses paroles lui sont venues à l’esprit au printemps 1940, alors que la France ne pouvait pas se défendre contre l’attaque éclair de l’armée allemande avec les vieilles conceptions du combat. Le régiment de chars commandé par de Gaulle se trouvait également en première ligne de défense. Il parvient dans un premier temps à stopper l’avancée de l’ennemi et le contraint même à la retraite à Caumont. Il fut le seul commandant français à le faire lors de l’invasion allemande, mais cela n’inversa pas le résultat. De Gaulle est promu général, mais la France capitule quelques jours plus tard.
Il a refusé d’accepter cette défaite humiliante. Il s’envole pour Londres, d’où il appelle à la radio ses compatriotes à résister. « La France a perdu la bataille, mais pas la guerre. Rien n’est perdu. J’appelle tous les Français, où qu’ils soient, à me rejoindre dans le combat », a-t-il hurlé. Il forme progressivement une résistance étrangère dont les membres entrent finalement victorieux à Paris en août 1944.
Dans la patrie libérée, Charles de Gaulle est devenu non seulement un héros célèbre, mais aussi le Premier ministre. Mais après plus d’un an, il décide de démissionner. Il n’était pas d’accord avec le projet de constitution de la Quatrième République, la position faible du président dans celui-ci, ainsi qu’avec les pouvoirs excessifs du Parlement, dans lequel les partis politiques essayaient principalement de promouvoir leurs propres intérêts. Il abdiqua donc en janvier 1946.
S’il espérait qu’en étant un héros de guerre, il gagnerait un soutien général et reviendrait plus fort sur sa vague, alors il avait tort. Le mouvement qu’il avait fondé, l’Association du peuple français, échoua aux élections et de Gaulle décida de se retirer de la scène en 1947.
Il se retire dans son domaine de Colombey les deux Églises, à environ 220 kilomètres de Paris, qu’il rachète dans les années 1930. « C’est le seul endroit au soleil où je me sens vraiment bien », disait-il à propos de la maison entourée d’un parc de trois hectares. Il y écrivit ses mémoires, se consacra à sa famille et gardait strictement sa vie privée. Il est apparu sporadiquement en public et il semble qu’il n’ait plus l’intention de s’engager en politique.
Mais ce n’était pas vrai. Il entretenait toujours des contacts avec d’anciens collègues et partisans et suivait de près l’évolution de la situation politique. Et elle n’avait pas l’air optimiste, surtout dans la seconde moitié des années cinquante. La France, où le Premier ministre a changé 23 fois entre la fin de la guerre et mai 1958, était embourbée dans le chaos, l’instabilité et les problèmes économiques, et personne n’était en mesure de former un gouvernement fonctionnel sur une scène politique brisée. De plus, les guerres et les troubles en Indochine et en Algérie pèsent lourdement sur le pays, et si les problèmes ne sont pas résolus immédiatement, le pays court un réel danger de guerre civile.
Et c’est dans cette situation que Charles de Gaulle revient sur les lieux. Il accepte la proposition du président René Coty de former un nouveau gouvernement et, malgré l’opposition d’une partie de l’Assemblée, fin mai 1958, l’Assemblée nationale le nomme Premier ministre et lui confère des pouvoirs extraordinaires. Peu de temps après, il présenta une nouvelle constitution, qui fut approuvée par près de 80 pour cent des Français lors d’un référendum en septembre 1958. Le général acheva son retour triomphal en décembre 1958, lorsqu’il remporta l’élection présidentielle par une écrasante majorité (selon le nouvelle constitution, purement et simplement) et est devenu chef de l’État.
« On lui a donné une opportunité unique, tout le monde s’est soumis à lui, et cela doit lui permettre de remettre enfin de l’ordre en France », a commenté Winston Churchill à l’occasion de son retour à la haute politique.
De Gaulle a vraiment profité de l’occasion. Il a créé un nouveau régime constitutionnel, que les politologues ont nommé en son honneur : le gaullisme. C’était un système présidentiel dans lequel il promouvait une politique pratique subordonnée à l’indépendance nationale, fondée sur l’autorité et la stabilité de l’État. Sur la scène intérieure, il a finalement réussi à stabiliser le système politique et l’économie, grâce notamment à l’introduction du nouveau franc. Il n’a pas caché ses ambitions, même en politique internationale.
« Il s’est fixé pour objectif de reconquérir la « grande » France en limitant les engagements coloniaux coûteux, en promouvant le développement de la capacité nucléaire et en assumant une position indépendante en Europe », caractérise l’historien britannique Brendan Simms dans son livre The Struggle for European Supremacy. .
En 1961, il décide que la France se retirera d’Algérie, malgré de vives protestations contre l’évolution de cette colonie nord-africaine, émanant principalement de certains responsables militaires. La réaction à l’indépendance de l’Algérie a été plusieurs tentatives d’assassinat (en dix ans, il a été confronté à 30 tentatives de ce type), dont le président était la cible. Il a survécu à tous, que ce soit grâce à sa sécurité, aux services de renseignement, à la chance ou au véhicule qu’il utilisait (c’était la populaire Citroën DS).
Le retrait d’Algérie permet à de Gaulle de réorienter la politique française, qui commence ainsi à se concentrer beaucoup plus sur l’Europe. Il a établi une coopération non seulement avec l’Occident, mais aussi avec l’Est, notamment avec la Chine et l’Union soviétique. Avec le chancelier allemand Konrad Adenauer, ils ont solennellement déclaré la fin de l’inimitié séculaire entre les deux pays, qui sont devenus ensemble le moteur de l’intégration européenne.
Charles de Gaulle l’a soutenu, mais seulement dans une certaine mesure. Par exemple, il ne pouvait pas imaginer que la France puisse se perdre dans une sorte de super-État européen. Il a affirmé qu’il devait au moins être responsable de sa propre sécurité. C’est ainsi que les Français développèrent leurs propres armes nucléaires et se retirèrent en 1966 de la partie militaire de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
La popularité du président grandit et va parfois jusqu’à ce que beaucoup le voient comme l’incarnation de la France. Cependant, les faveurs politiques sont inconstantes et de Gaulle en était convaincu. Il subit encore les émeutes étudiantes qui secouent Paris au printemps 1968, même s’il semble qu’il démissionnera sous leur pression. Il a immédiatement annoncé des élections anticipées, qu’il a remportées. Cependant, lorsqu’en avril 1969 le référendum sur la transformation du Sénat et le transfert de certaines compétences aux régions n’a pas abouti, il décide de démissionner.
Comme en 1947, il se retire dans son domaine de Colombey les Deux Églises, d’où, le 9 novembre 1970, la nouvelle se répand dans le monde entier que le héros de guerre français et ancien président Charles de Gaulle est décédé moins de deux semaines avant ses quatre-vingts ans.
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