L’art et la technologie se rencontrent à l’exposition Fr(i)ction à Delhi

Bien que je vive à Delhi et que je parcoure les rues de Lodhi – dont les murs témoignent de la célébration de l’art – je n’avais pas encore découvert le site de KONA, un espace artistique relativement récent dans la ville. Alors que je m’arrêtais pour me renseigner sur le lieu, quelqu’un m’a indiqué une porte, à l’entrée de laquelle les organisateurs ont tamponné en rouge « Art 4 All » sur mon poignet. C’était mon jour de voir la ville que j’appelle chez moi être peinte en rouge ou plutôt « radieuse », comme la génération d’artistes participant au festival la décrirait mieux.

Frictionl’exposition d’art immersive à KONA, était un événement parallèle au St+Art Lodhi Art Festival 2019, qui s’est déroulé à Jor Bagh, New Delhi, du 16 février au 17 mars 2019. Comme le nom de l’exposition l’indique, les œuvres illustrent la tension juxtaposée à l’espoir d’une congruence entre la nature, la technologie et l’art.




Le duo Do & Khatra travaille sur leur art chez KONA Crédit image : Pranav Gohil


L’exposition comprenait des installations in situ, des vidéos, des pièces multimédias interactives et des peintures murales réalisées par 17 artistes de neuf pays. Les œuvres répondaient aux préoccupations fondamentales concernant l’avenir de notre civilisation, de nos peuples, de la nature ainsi que de l’art dans un monde inondé de données, d’accès excessif à l’information et aux personnes et d’une dépendance excessive à l’égard du numérique par rapport au réel. L’exposition s’interroge ensuite sur ce changement induit par la technologie et son influence sur le comportement, la perception et l’interaction humaines.

Organisé par Giulia Ambrogi, Friction a vu la participation d’artistes du monde entier, dont Tan Zi Xi (Singapour), Yok et Sheryo (Singapour), Hanif Kureshi (Inde), Marc Lee (Suisse), Nespoon (Pologne), Daan Botlek (Pays-Bas) et Tellas (Italie). ) entre autres.



Jardin spontané par Tellas|  F(r)iction|  KONA|  Festival d'art St+Art Lodhi 2019|  REMUER
Jardin spontané par Tellas Crédit image : Pranav Gohil


En entrant dans KONA par la porte arrière, on arrive à un passage bleu – Jardin spontané – créé par l’artiste italien Tellas. Les touches de blanc sont une ode aux formes organiques qui émergent des paysages naturels. La placidité du premier contraste fortement avec celle des artistes singapouriens Yok et Sheryo. Temple de l’auto-indulgence, inondé de mèmes, d’applications, de fausses nouvelles, de selfies et d’autres symboles des réseaux sociaux. Idolâtrant à tort Nyan Cat, le mème devenu gourou éclairé des médias sociaux, son culte au Temple du narcissisme est une satire de l’état de banalisation des temps modernes, où l’inconséquent a souvent plus de poids que le réel, conduisant ainsi de plus en plus aux dysfonctionnements et aux troubles sociaux.



Le travail de Marc Lee Echolocation chez KONA |  F(r)iction|  KONA|  Festival d'art St+Art Lodhi 2019|  REMUER
Le travail de Marc Lee Écholocation chez KONA Crédit image : Pranav Gohil


Ces derniers thèmes résonnent également dans le travail de l’artiste suisse Marc Lee Écholocation. L’œuvre interactive permet aux utilisateurs de choisir n’importe quel endroit en Inde et de diffuser des histoires en temps réel sur le lieu publiées sur des plateformes de médias sociaux comme Youtube et Flicker. Le fait de choisir des lieux différents tout en révélant des différences socio-politiques et culturelles en termes absolus met également en évidence une plus grande homogénéité à travers le paysage géographique. La substitution croissante de la diversité par la normalisation par l’excès de données et le partage de connaissances communes n’est pas seulement un symptôme de la sphère numérique, mais une caractéristique de notre écologie et de notre dynamique sociale actuelles. La distorsion qui en résulte dans la perception humaine de l’avenir dans lequel nous allons habiter, peut-être dystopique ou criblé de détérioration écologique, est donc le courant sous-jacent du travail de l’artiste singapourien Tan Zi Xi. Ville flottante. Alors qu’une visite à l’intérieur de l’exposition vous accueillera avec des spectateurs enchantés par la salle aux miroirs, absorbés par la prise du selfie parfait, éventuellement pour une autre publication sur les réseaux sociaux, l’acte souligne une fois de plus à quel point notre race est tellement absorbée par la fascination pour le matériel du présent. qu’ils sont inconscients de la distorsion qui la tourmente, ainsi que nous. La réparation est alors un cri silencieux qui résonne dans toutes les œuvres exposées ; un besoin urgent avant que l’humanité ne soit poussée aux confins d’un monde où l’écologie à laquelle nous assistons est réduite à des choses comme Le Ficus Bengahalensisune version bonsaï d’un banian indien, telle que représentée par le groupe d’artistes indiens Transhuman Collective dans leur installation Fantasmagorie.



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  • Installation de Nespoon à l'exposition F(r)iction|  KONA|  Festival d'art St+Art Lodhi 2019|  REMUER
    L’installation de Nespoon à l’exposition Crédit image : Pranav Gohil




L’artiste polonaise Nespoon a alors tenté de fournir une ancre d’espoir, un chemin à travers la toile sombre dans laquelle nous nous sommes empêtrés. Tissée de dentelle et d’élastiques, son installation Delhi ressemble également aux câbles électriques enroulés qui traversent la ville, qui, bien que discordants pour un étranger, symbolisent la façon dont il peut y avoir de l’harmonie même au milieu du chaos. Elle invite le spectateur à puiser dans cette harmonie naturelle, une sagesse plus ancienne que l’humanité elle-même. Peut-être que la réponse réside dans la complexité et que la solution consiste à articuler l’action, une personne à la fois.

Léopold Moulin

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