Les Champs-Elysées sont devenues une « rue commerçante ». Où est passée la culture ? – Société – Revue

Les Champs-Elysées, lieu de promenade traditionnel, que les Français considèrent comme la plus belle avenue du monde, devraient à nouveau remplir leur fonction culturelle, qui a souffert dans les années 1980 d’une expansion commerciale excessive. Surtout, le célèbre boulevard parisien risque de perdre sa spécificité par rapport aux autres artères commerciales mondiales, écrit l’agence AFP.

« Les Champs-Elysées ont sa dimension légendaire, tant pour les Parisiens que pour les visiteurs étrangers », explique Jean-Noël Reinhart, président du Comité des Champs-Elysées, qui s’est récemment entretenu avec des architectes, des historiens, des politiques et des représentants de grandes marques de mode. à Paris sur l’avenir de la rue.

Le boulevard, qui s’étend sur près de deux kilomètres entre la place de la Concorde et l’Arc de Triomphe, est visité chaque jour par 300 000 personnes, dont 40 pour cent d’étrangers, attirés ici par les cafés, les cinémas et les boutiques de luxe.

Les Champs-Elysées, nés en 1616, grâce au souhait de Marie de Médicis de construire une promenade partant du palais des Tuileries, ont une histoire riche et contrastée.

Au XVIIIe siècle, la rue a mauvaise réputation, mais au siècle suivant elle devient l’élégante promenade du Second Empire. Elle devint peu à peu un symbole de la monarchie et le théâtre de la révolution (la guillotine s’y trouvait) et des foules en liesse s’y rassemblèrent, soit après la libération de Paris en 1944, soit après la victoire de la France à la coupe du monde de football en 1998.

Selon Reinhart, ces traditions se mêlent ici aujourd’hui à l’apogée du commerce qui a commencé à la fin des années 1980. Au cours des trente dernières années, le nombre de magasins est passé de 80 à 125, tandis que la fréquentation des cinémas a diminué de moitié depuis 1995. « L’hypercommercialisation a quelque peu entaché la réputation des Champs-Elysées et contribué à une certaine perte d’identité », pense Marc Restellini, président du musée Pinacothéque.

« L’avenir de la salle de classe doit résider dans un nouvel équilibre, il doit y avoir davantage d’opportunités de jouissance culturelle », conclut l’architecte Jean-Paul Viguier, qui suggère de placer l’offre culturelle aux étages supérieurs des bâtiments. Selon lui, il faut également ajuster l’opération afin de redonner aux Champs-Elysées leur dimension de promenade d’origine.

Une étude réalisée par l’institut de sondage d’opinion Kheolia en novembre de cette année sur un échantillon de 1.177 personnes montre que le boulevard est principalement utilisé pour se promener (47 pour cent), alors que seulement 23 pour cent des personnes interrogées y ont effectué des achats.

« Sur les Champs-Elysées, il faut renforcer l’offre de services et préserver les commerces indépendants », souligne Reinhart. Cependant, il n’est pas facile de combiner cette exigence avec le fait que la classe parisienne est aujourd’hui la plus chère d’Europe et qu’ici 13 255 euros le mètre carré sont payés.

Selon de nombreux experts, la solution pourrait être la relance des sept galeries commerciales, aujourd’hui un peu mises de côté. Mais le développement de l’échelle commerciale, amorcé en 2005 avec l’arrivée du leader mondial de la catégorie du luxe, le groupe Vuitton, doit également se poursuivre. Les bijoux Tiffany ont récemment occupé le site autrefois occupé par la chaîne de restauration rapide Quick, et les Galeries Lafayette remplaceront Virgin Megastore en 2018.

Il faut cependant éviter que les Champs-Elysées ne deviennent qu’un siège de commerces. Il est nécessaire de créer ici une offre équilibrée de divertissement, de patrimoine architectural et de culture, estiment les dirigeants d’Inditex France (Zara) et des Galeries Lafayette Jean-Jacques Salaün et Philippe Houzé.

« Nous avons entre nos mains une beauté qui a dormi pendant vingt ans. Nous devons lui redonner son statut prestigieux et maintenir l’harmonie », déclare Reinhart.

Séverin Garnier

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