Après le retrait, la semaine dernière, des représentants des États-Unis des négociations de l’OCDE sur la future forme de taxe numérique, Paris et Berlin parlent d’une provocation de Washington. Les deux responsables des finances estiment toutefois qu’un accord international sera trouvé cette année.
Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz (SPD) et son homologue français Bruno Le Maire (LREM) ont confirmé qu’ils étaient confiants dans le succès des négociations en cours à l’OCDE sur les nouvelles taxes et que les négociations seraient achevées cette année, écrit-il. EURATIV.de.
Lors de la conférence de presse commune d’hier (22 juin) à Berlin, les deux ministres ont principalement parlé de la taxe spéciale sur le numérique et de l’impôt minimum sur les sociétés. Leur intention est d’arrêter la course entre les pays tentant d’attirer les entreprises sur leur territoire, mais surtout d’assurer une fiscalité équitable dans les industries modernes comme le numérique.
La semaine dernière, le processus au sein de l’OCDE, où les pays discutent, s’est ralenti après que les États-Unis ont quitté la table des négociations. Certains spéculent même que Washington ne participera plus aux négociations.
Scholtz estime néanmoins que les pays « travailleront pour parvenir à un résultat positif » et entend « faire tout son possible cette année pour trouver une solution ». Cependant, il n’a pas répondu à la question de savoir s’il essayait de trouver une solution à la question de la fiscalité numérique internationale même sans les États-Unis. Le samedi 20 juin pour Frankfurter Allgemeine Zeitung il a déclaré qu’il était important de « ne pas avoir peur de lui » et a continué à rappeler aux projets fiscaux de « s’en tenir à ce que nous faisons ».
« Provocation »
Jeudi dernier (18 juin), Le Maire a qualifié les actions de Washington de « provocation ». Dans une lettre adressée à certains membres de l’OCDE, les Américains ont annoncé leur décision de « ne pas poursuivre » les négociations.
« Je confirme que nous avons reçu, avec nos partenaires italiens, espagnols et britanniques, une lettre du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin confirmant qu’ils ne souhaitent plus poursuivre les négociations de l’OCDE sur la fiscalité numérique », a déclaré Le Maire à la radio France Inter.
Selon Mnuchin Temps Financier il a écrit à ses homologues que les États-Unis ne sont même pas d’accord avec le motif fondamental de la phase de transition du système fiscal mondial. Selon le secrétaire au Trésor américain, cela pourrait nuire aux principales entreprises numériques américaines. Si d’autres pays introduisent des taxes, Washington menace d’imposer de nouveaux tarifs.
« Cette lettre est une provocation », a répondu Le Maire, ajoutant que la France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne avaient déjà répondu aux Etats-Unis, demandant à Washington de réaffirmer son engagement « à fixer des taxes numériques équitables dès que possible ». Le Maire a en outre déclaré que l’accord commun était presque conclu.
En janvier, la France a décidé de retarder l’introduction de sa propre taxe numérique jusqu’à la fin de l’année afin de disposer de plus de temps pour conclure les négociations au sein de l’OCDE. A cette époque, 137 pays s’accordaient sur la nécessité d’un accord international sur la fiscalité des sociétés multinationales d’ici fin 2020.
Soutien de Paris
Lors de sa première visite à l’étranger depuis le début de la crise du coronavirus, le ministre français à Berlin a souligné que l’Allemagne pouvait compter sur le soutien de la France dans les négociations sur la fiscalité numérique et l’impôt minimum sur les revenus des sociétés.
Il a qualifié les projets de la présidence allemande de l’UE de « denses » et y a souligné quatre aspects importants pour la France, à savoir le fonds de relance, l’intégration dans la zone euro, le renforcement de la souveraineté européenne et, enfin, les taxes numériques et les impôts minimums sur les revenus des sociétés.
Le Maire a rappelé les réformes économiques lancées par le président Emmanuel Macron dans le but d’accroître la compétitivité de la France et a réitéré le message du président français lors du dernier Conseil européen (23 avril).
Macron appelait à l’époque à une action « plus poussée et encore plus intense » en faveur de la souveraineté européenne, « un concept que la France promeut depuis près de trois ans ».
« Dans les domaines de la souveraineté économique, industrielle, stratégique, militaire, technologique et écologique, les choses évoluent rapidement. À cet égard, d’un point de vue historique, l’Europe est à la croisée des chemins », a déclaré Macron en avril.
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