L’auteur est chercheur au Département de science politique de l’Université Charles.
La dernière réunion du Conseil de l’Union européenne a une nouvelle fois porté sur le Brexit. Cependant, le sujet qui représente l’un des piliers de la politique étrangère slovaque – l’élargissement à de nouveaux États membres – est resté dans l’ombre des négociations.
Dans les conclusions du Conseil, une seule phrase concernait ce domaine, où les dirigeants des pays membres étaient convenus de « revenir » sur la question de l’élargissement avant le sommet de Zagreb, prévu en mai 2020. Le report des débats ultérieurs Quant à l’adhésion potentielle de l’Albanie et de la Macédoine du Nord, elle peut être considérée comme un succès principalement pour la France (et dans une certaine mesure aussi pour les Pays-Bas et le Danemark), qui ont traditionnellement une approche réservée, voire négative, à l’égard de l’expansion de l’Union par de nouveaux membres.
Politique d’extension
L’élargissement est l’un des outils les plus importants grâce auxquels l’Union européenne peut diffuser ses normes, ses valeurs, ses standards, mais aussi ses pratiques de gouvernance démocratique. L’élément de base de cet instrument de politique étrangère est ce que l’on appelle la conditionnalité, qui garantit que les pays satisferont à toutes les exigences techniques et juridiques, pour lesquelles ils seront récompensés par leur adhésion. Dans le même temps, cela représente également un élément important de stabilisation pour les pays qui ont traversé une période de turbulences et se remettent d’une série de conflits armés qui ont éclaté à la suite de l’éclatement de la Yougoslavie.
La Slovaquie, en tant que pays, a connu un type similaire de « normalisation », qui a abouti à son entrée dans l’UE en 2004. Cependant, selon certains, l’expérience des pays d’Europe centrale en matière de processus d’intégration est fondamentalement différente, d’autant plus que l’Union exige désormais bien plus de la part de ses membres potentiels, une conditionnalité plus stricte.
La logique du grand élargissement de 2004 reposait sur l’effort visant à adapter formellement les institutions de l’État et à entreprendre les réformes nécessaires, grâce auxquelles les pays devaient répondre aux critères dits de Copenhague. Par la suite, en tant que membres, les pays auraient dû commencer à socialiser et adopter, entre autres, des pratiques de gouvernance européenne. Cependant, des collègues de la London School of Economics affirment qu’un tel processus d’« européanisation » est une condition pour les pays des Balkans occidentaux et non une conséquence, comme ce fut par exemple le cas pour la Slovaquie.
Cette attitude se reflète également lorsque l’on considère le décalage de dix ans depuis que la Commission européenne a proposé au Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord. L’Albanie et la Macédoine du Nord ont depuis mis en œuvre un certain nombre de réformes, allant parfois au-delà de ce qu’on attendait d’elles. La Macédoine du Nord a acquiescé à la Grèce et accepté de changer le nom du pays, réglant ainsi des années de divisions diplomatiques. À la demande de la Commission européenne, l’Albanie a pris des mesures pour éliminer la corruption dans le système judiciaire et a mis en œuvre des réformes drastiques dans ce domaine.
Le président de la Commission européenne, Juncker, ainsi que le président du Conseil européen, Tusk, ont déclaré que si l’UE refuse d’ouvrir des négociations d’adhésion, cela porterait atteinte à l’intégrité de l’Union, qui donne depuis longtemps à ces pays l’espoir d’adhérer. De la même manière, la majorité des représentants des pays membres de l’Union ont exprimé que l’Union doit tenir les promesses auxquelles elle s’est engagée envers ces pays. Il n’est donc pas clair aujourd’hui si les réformes entreprises par les pays des Balkans occidentaux conduisent à une adhésion à part entière ou seulement à une coopération plus étroite dans certains secteurs.
Position de la France
La réticence de la France à élargir l’UE à d’autres pays peut être divisée en deux niveaux. Tout d’abord, Emmanuel Macron critique depuis longtemps les processus de décision institutionnels internes. Le président français s’inquiète de la longueur du processus décisionnel au niveau européen, qui serait encore compliqué par l’arrivée de nouveaux membres. En outre, selon lui, une réforme des négociations d’adhésion est nécessaire, ce qui correspondrait à l’état dans lequel se trouve l’Union.
Si l’on examine la situation dans les pays membres qui ont rejoint l’Union après 2004, il apparaît clairement que le processus d’intégration a modifié formellement les institutions étatiques, mais cela ne garantit pas le maintien des pratiques liées à l’État de droit et à la démocratie elle-même.
Cela nous amène au deuxième point. Macron comme ses prédécesseurs ont été déçus par certaines positions politiques prises par les pays de la région Europe centrale, qui se sont également manifestées par des critiques ouvertes (soutien à la guerre en Irak ou prise de position récente sur la crise migratoire).
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