Emmanuel Macron a clairement battu Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Après vingt ans, il devient ainsi le premier président à être élu deux fois de suite. Il a ainsi été inclus parmi les géants de la politique non seulement française mais aussi mondiale, comme Charles de Gaulle et François Mitterrand (Jacques Chirac a emporté Jean-Marie Le Pen il y a 20 ans après que les électeurs eurent sous-estimé le favori Lionel Jospin au premier tour).
C’est tout ce dont l’ancien président peut se réjouir pour l’instant. Parce qu’il y aura un troisième tour en juin – au moment où les élections législatives sont convoquées. Ce n’est qu’alors qu’ils décideront de la force du mandat de Macron. Il se pourrait facilement que son triomphe de dimanche se transforme en une victoire à la Pyrrhus. Si son parti, La République en Marche !, ne remporte pas les élections comme il y a cinq ans, sa position sera faible, mais non négligeable. Les principaux adversaires de Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, ont déjà indiqué vouloir remporter le troisième tour. Mélenchon a même déclaré qu’il voulait devenir Premier ministre.
Il en est encore loin. Son parti La France Insoumise, formé juste avant les dernières élections, n’est pas favori. Comme lors des élections précédentes, il peut facilement arriver qu’il ne parvienne pas à transformer – comme le Rassemblement National Le Pen – la popularité du leader issu des élections présidentielles en un succès plus significatif. Mélenchon devra unir tous les courants de gauche, du Parti socialiste aux Verts en passant par le Parti communiste. Bien qu’il soit lui-même un excellent et passionné rhéteur, sa faiblesse est précisément la combinaison, la réticence à faire des compromis. Pour la droite radicale, il sera important de savoir si Le Pen peut se connecter avec Éric Zemmour.
Les mois à venir montreront à quel point le système politique français est capable. Si encore une fois dans le système majoritaire, les voix de la majorité des électeurs sont perdues et que la « minorité » règne, cela n’apportera pas la stabilité.
Dans le système majoritaire français, le second tour décide. Dans ce document, comme dans les élections présidentielles, les gens votent non pas pour quelqu’un, mais contre quelqu’un. De plus, Mélenchon et Le Pen excellent à critiquer la mauvaise situation sociale et économique du pays, moins à tracer un programme réaliste. Cela s’est également manifesté lors du duel télévisé de la semaine dernière, lorsque Le Pen a de nouveau surfé sur la baisse du pouvoir d’achat des gens ordinaires, mais a perdu sa voix lorsqu’il s’agissait de détails et de mesures concrètes.
Cela donne au parti République en mouvement de Macron de fortes chances de victoire. Cependant, il doit relier le centre droit et gauche. Le président est un centriste qui combine habilement le libéralisme social (gauche) et économique (droite). Ce sera important ce que feront les (grands) partis traditionnels, qui ont après tout de meilleures chances aux élections législatives qu’aux élections présidentielles.
Même si le bloc de Macron finit par gagner, il n’aura pas un chemin facile devant lui. Il est fort probable que ni les centristes, ni la gauche, ni la droite populiste n’auront la majorité. Il ne sera pas facile de former un gouvernement qui fonctionne. Un certain nombre de compromis nécessaires qui ne conviennent à aucune des parties, un gouvernement et un président faibles peuvent conduire la France à une crise prolongée. Les problèmes brûlants qui affligent aujourd’hui la plupart des Français resteront à nouveau sans solution.
Les mois à venir montreront à quel point le système politique français est capable. Si encore une fois dans le système majoritaire, les voix de la majorité des électeurs sont perdues et que la « minorité » règne, cela n’apportera pas la stabilité. La colère et les protestations continueront. Si les Français ne parviennent pas à faire avancer le pays, ils devraient commencer à réfléchir à un système politique plus efficace. Par exemple, s’inspirer de l’Allemagne.
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