OM-Milan : en 1991, Waddle et le coup de la panne (2/3)

Avant le match amical entre l’OM et l’AC Milan prévu dimanche au Vélodrome à 18 heures, La Provence revient sur les différentes confrontations entre les deux clubs de l’histoire. Cette deuxième partie retrace les deux rencontres de 1991. Le 18 avril 1990, à l’Estádio da Luz de Lisbonne, devant près de 110 000 spectateurs furieux, l’OM a probablement vécu l’un des plus grands traumatismes de son histoire européenne. Alors qu’ils détenaient leur qualification pour la finale de la Coupe des clubs champions après leur victoire deux buts à un au Vélodrome lors du match aller, Jean-Pierre Papin, Enzo Francescoli et autres Didier Deschamps se sont effondrés. Injustement.

L’attaquant angolais Vata, pris en embuscade dans la surface de réparation suite à un corner, a en effet propulsé le cuir dans les filets à l’aide de sa main. Les hommes de Gérard Gili ne s’en remettront pas. A la fin de la rencontre, Bernard Tapie fulmine. Un mois plus tard, les Lisboètes perdront en finale face au grand AC Milan d’Arrigo Sacchi après un but marqué par la star néerlandaise Frank Rijkaard en seconde période (0-1, 68e). Moins d’un an plus tard, cette fois c’était L’OM affrontera les Rossoneri le 6 mars 1991, lors des quarts de finale de la C1. Les Marseillais ne menaient pas large lorsqu’ils défiaient le double tenant du titre dans son antre surchauffé de San Siro.

Il faut dire que Sacchi avait transformé la formation présidée par Silvio Berlusconi en une véritable machine de guerre. Celui que l’on surnomme le mage de Fusignano, en référence à sa ville natale, a littéralement révolutionné le football italien, réputé jusqu’alors défensif et prudent. Pression de tous les instants, défense dans la zone, jeu séduisant : l’équipe lombarde était alors séduisante, mais surtout extrêmement efficace. Dans l’histoire du football, certaines équipes ont parfois survolé leur époque. L’AC Milan de Sacchi a assurément sa place dans ce panthéon.

Malgré cette supposée supériorité de son adversaire, l’OM a encore quelques atouts à faire valoir. Leaders du championnat de France depuis début novembre, la troupe de l’entraîneur belge Raymond Goethals, nommé en janvier après le passage éphémère d’un certain Franz Beckenbauer, est focalisée sur cette échéance depuis de très (trop) nombreuses semaines. De leur côté, leurs homologues milanais livrent une bataille acharnée avec la Sampdoria, l’Inter et Genoa pour le Scudetto, et y laissent logiquement des plumes.

Robert Nazaretian, dirigeant emblématique de l’OM, ​​se souvient encore de ce déplacement : « Au match aller, ça a été un peu la découverte. On a joué le grand Milan, qui a été un modèle pour nous. On n’était pas du tout favoris. C’était plus une expédition. On mangeait avec le staff, en ville, parmi les supporters. Je me souviens que Yannick Noah était aussi venu avec nous. « Les absences de Baresi et de van Basten ont fait mal à Milan
Porté par un Papin chirurgical devant les buts et par une assise défensive difficile à franchir, le club canebière conserve ce brin d’espoir qui lui permet de rêver grand. D’autant que l’institution milanaise était alors orpheline de Franco Baresi (touché à l’épaule), son patron et capitaine, et de Marco van Basten (suspendu), son attaquant mythique déjà couronné de deux Ballons d’Or en 1988 et 1989. Laurent Fournier, milieu de terrain titulaire, avoue que « le rôle d’outsider convenait parfaitement à l’OM. Notre équipe était super forte, mais Milan était clairement favori. C’était une grosse armada, avec les Gullit, Rijkaard, Ancelotti… ».

L’entame de match de l’OM est loin d’être mauvaise. Mais Ruud Gullit, à l’affût après une énorme mésentente entre Carlos Mozer et Bernard Casoni, a ouvert le score du pied gauche au bout d’un quart d’heure (1-0, 15e). A partir de ce moment, la maison bleue et blanche a deux solutions : faire preuve de caractère et ne pas se laisser abattre, ou quitter La Scala del Calcio avec une valise. Nazaretian, au premier rang, blâme le coup : « Je me suis dit « putain, ça va être une catastrophe ». Je m’attendais à une déroute. C’est là que j’ai vu Mozer prendre le ballon dans sa main et aller le mettre. dans le cercle central. Il a cliqué. Plutôt que de couler les joueurs de Raymond Goethals, l’ouverture du score de la « Tulipe noire » provoque un sursaut de moins de dix minutes plus tard, Abedi Pelé décide d’opérer sa magie. Trouvé dos au but, le très agile ailier ghanéen se retourne et dépose sur le coup un Carlo Ancelotti médusé. Le ballon semble coller à son pied gauche. Le maniement du ballon du numéro 10 de l’OM est exceptionnel. En fin de course, ce dernier parvient à trouver Chris Waddle, légèrement excentré. L’Anglais a ensuite fait parler sa vista pour trouver Jean-Pierre Papin au second poteau. L’attaquant de l’équipe de France, anormalement oublié par un inconnu Paolo Maldini, n’en demandait pas tant pour tirer sur Andrea Pazzagli en première intention (1-1, 27e).

Fournier rappelle qu’à l’époque, Maldini n’était pas encore la légende vivante qu’il allait devenir quelques années plus tard : « On le connaissait tous. On savait que c’était un super contre-attaquant.

Séverin Garnier

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