Après le premier tour des élections françaises – Analyses et constats – Opinions

Les élections françaises sont toujours intéressantes. Mais pas seulement parce que la France est une puissance nucléaire et parce que la direction de l’UE en dépend : mais surtout parce qu’elle est le berceau de la réponse aux conflits et du progrès. Et depuis la Révolution française.




14/04/2022 14:00

La répartition des forces politiques et idéologiques dans ce pays est un chaudron et un miroir dans lequel la cuisson et reflète l’évolution de la scène politique européenne. Comme je me fige peut-être, je le répète, la ligne de partage du monde actuel n’est pas entre l’Est et l’Ouest, mais entre les forces de la réaction et du progrès, entre le nationalisme conservateur d’un côté et l’universalisme social-juridique de l’autre.

Le premier, le nationalisme réactionnaire, est toujours, à travers le monde, idéologiquement maîtrisé et puissamment organisé autour d’une religion et d’une église. Je l’appellerais théo-nationalisme. Le deuxième courant, progressiste, est lié à la réorganisation socio-juridique de la mondialisation, qui s’est en fait déroulée sous le couvert néolibéral des deux premières décennies. La France est un modèle pour ce match.

La fin de la droite d’après-guerre

Voyez à quel point Le Le Pen prospère. Elle lie près de la moitié de la nationalité française et pourtant elle n’est l’héritière d’aucune tradition de droite célèbre. Au contraire, c’est son mouvement qui a définitivement démantelé le républicanisme de droite (qui a donné à la France de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacque Chirac, et même le raté Nicolas Sarkozy). Et le gaullisme semble à jamais enterré. Son mouvement n’est pas le « populisme ». Je déteste ce terme parce que c’est un mot vide qui occulte la réalité : c’est l’héritière du nationalisme réactionnaire, les variantes françaises du fascisme.

Son père Jean-Marie Le Pen était également un raciste déclaré, diplômé du lycée des Jésuites, un monarchiste qui soutenait l’Action française et le collaborateur hitlérien, le maréchal Pétain. (Il s’est assis avec le parti à une courte distance de moi à une table d’appoint dans un restaurant parlementaire de Strasbourg, et sa façon de parler n’a certainement pas occulté son penchant pour la propagation des maréchaux musicaux nazis.) se concentre.

Mais ce Marine et tout le mouvement sont les héritiers des idées et du champ idéologique de la réaction française. Nationalisme tendu, haine de l’Union européenne (parce qu’elle limite la « gloire » de la France, ce qui ne veut rien dire d’autre que les vieilles traditions et ambitions impériales) ; admiration pour Trump et encore plus pour Poutine: tout comme les modèles de véritable leadership, qui ne placent pas de valeurs et de droits universels en premier lieu, mais une lutte tendue pour la gloire nationale. (La curiosité amusante est qu’après l’invasion russe de l’Ukraine, elle a détruit deux millions d’affiches, dont elle est fière en compagnie de Vladimir Poutine). Orbán, Salvini, Bannon et enfin notre Boris Kollár sont ses alliés…

La tragédie ukrainienne devrait amener les gauchistes et les libéraux à comprendre que la ligne de lutte n’est pas sur l’axe Est-Ouest, mais dans un conflit mondial aigu de la réaction nationale, du théo-nationalisme avec les forces du progrès, des droits humains et sociaux universels.

Et au passage, je voudrais demander à nos idéalisateurs de l’Occident : ce courant de pensée, ces mouvements pro- et proto-fascistes ne sont-ils pas le produit et le présent de l’Occident le plus contemporain, l’européen et l’américain ?

Déclin de la gauche

Mais même les socialistes n’ont pas échappé au mal. Ce sont ces élections qui ont montré qu’il ne restait plus rien du mouvement socialiste qui a donné François Mitterrand, le légendaire chef de la Commission européenne, Jacques Delors, François Hollande ou le Premier ministre Pierre Mauroy (qui, soit dit en passant, a assisté aux obsèques d’Alexander Dubcek) . Oui, à gauche se trouve Jean-Luc Mélenchon, un parti socialiste allié, et étonnamment réussi à cette élection, il a remporté jusqu’à 20 %. Mais il n’a pas atteint le second tour. A mon avis, cependant, il a très bien compris que la lutte d’aujourd’hui est une lutte contre le nationalisme réactionnaire. Ses premiers mots après l’élection ont été : (au second tour) pas un seul vote de Le Pen !

Son évolution personnelle dans le miroir de la guerre russe contre l’Ukraine mérite également d’être notée. À l’origine, comme beaucoup de gauchistes radicaux, il avait une attitude positive envers Poutine. Oui, à cause du mantra malheureux selon lequel Poutine est une sorte de barrière à l’impérialisme américain. Et il considérait également l’OTAN comme son outil. Cependant, après l’attaque militaire, il a qualifié la Russie et, en particulier, Poutine de responsables de la guerre. Il a soutenu l’aide à l’Ukraine et les sanctions contre la Russie.

Il a littéralement dit, « ce ne sont pas les chars de l’OTAN qui ont traversé et brisé les frontières » et « je suis du côté de Zelenský contre Poutine ». Sa décision d’aujourd’hui n’est pas seulement de la rhétorique électorale : en tant qu’honnête homme et socialiste (comme un collègue au Parlement européen), il a réalisé en toute nudité que le nationalisme conservateur et le capitalisme oligarchique à la Poutine créaient l’impérialisme avec une nécessité de fer. Et la guerre aussi !

Leçons et espoir

Oui, la tragédie ukrainienne devrait conduire à la fois les gauchistes et les libéraux à une compréhension plastique que la ligne de lutte n’est pas sur l’axe Est-Ouest, mais dans un conflit mondial aigu de réaction nationale, de théo-nationalisme avec les forces du progrès, de l’humanité universelle et les droits sociaux. Pour la gauche, qu’elle soit plus radicale ou centrale, c’est une connaissance clé qu’elle doit toujours s’opposer au théo-nationalisme, et toutes les forces politiques, y compris les libéraux, sont alliées dans cette lutte.

Parce que la tâche clé du second tour des élections françaises est de vaincre le réactionnaire Le Pen, dont la victoire ouvrirait la porte à une vague imparable de fascisme moderne. Les querelles entre socialistes et libéraux sont une polémique innocente face à ce danger.

Séverin Garnier

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